La Grippe

Qu’est-ce que la grippe ?
La grippe est une infection respiratoire aiguë causée par des virus de la famille des Orthomyxoviridae (virus influenza).
Chaque hiver, en France, entre 2 et 5 millions de personnes contractent la grippe. En France, il s’agit de la première cause de mortalité liée à une maladie infectieuse dans le pays, avec environ 10 000 décès annuels, principalement chez les populations les plus vulnérables. A l’échelle mondiale, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que la grippe est responsable de 250 000 à 500 000 décès par an. Le risque d’une pandémie grippale, comme celle survenue en 2009, reste toujours présent.
En complément des mesures d’hygiène, la vaccination annuelle demeure le moyen le plus efficace pour se protéger contre la grippe.
Quels sont les différents types de grippes ?
Les virus influenza sont des virus enveloppés à ARN négatif. Trois types de virus influenza infectent l’humain : A, B et C.
- Les virus de type B et C sont presque exclusivement humains. Les virus de type B provoquent des épidémies localisées, notamment dans de petites communautés de personnes âgées (comme les maisons de retraite). Les virus de type C, quant à eux, sont peu virulents et entrainent des symptômes s’apparentant à ceux d’un rhume.
- Les virus de type A ou grippe aviaire touchent principalement les oiseaux, mais certains, minoritaires, peuvent également infecter les mammifères, y compris les humains. Ce sont les plus dangereux car ils mutent très rapidement, rendant les stratégies de lutte plus complexes à mettre en place.
Les virus de type A sont responsables des pandémies (épidémies d’envergure mondiale), comme celle de 2009-2010 (280 000 décès). Cette dernière fut la seconde pandémie historique due au sous-type H1N1, après la grippe espagnole de 1918 (50 millions de morts). Les virus de type A sont identifiés par un code à deux lettres et à deux chiffres basé sur deux protéines de l’enveloppe du virus: le H pour hémagglutinine (16 types identifiés, numérotés H1, H2, etc.), et le N pour la neuraminidase (9 types identifiés, numérotés N1, N2, etc Ce système génère 144 combinaisons possibles, ce qui explique la diversité des virus de la grippe A.
Quels sont les symptômes de la grippe ?
Le virus touche essentiellement les voies respiratoires supérieures (nez, gorge, bronches), plus rarement les poumons. Les symptômes apparaissent généralement entre 1 et 4 jours après la contamination, et l’infection dure environ une semaine.
Les symptômes de la grippe sont caractérisés par l’apparition soudaine :
- d’une fièvre élevée (39-40°C)
- de douleurs musculaires et articulaires,
- de maux de tête,
- d’une sensation de profond malaise,
- de symptômes respiratoires tels qu’une toux sèche, une gorge irritée ou une rhinite.
La plupart des personnes infectées se rétablissent en une semaine avec un traitement symptomatique (antipyrétiques, hydratation, antitussifs, repos).
Les personnes fragiles, comme les personnes âgées de plus de 65 ans, les femmes enceintes, les personnes atteintes d’obésité morbide, les diabétiques, les immunodéprimées, celles souffrant de maladies chroniques ainsi que les nourrissons, présentent un risque accru de développer des formes graves de grippe nécessitant une hospitalisation en réanimation avec assistance ventilatoire.
Il est important de noter que la grippe peut être confondue avec un syndrome grippal, causé par d’autres virus comme le virus respiratoire syncytial (VRS), le rhinovirus, le virus parainfluenza ou les adénovirus. Pour confirmer le diagnostic, un prélèvement nasal suivi d’un test biologique peut être réalisé par un médecin.
Quels sont les traitements contre la grippe ?
La grippe ne se soigne pas. Toutefois, un traitement antiviral spécifique peut être proposé. Il s’agit inhibiteurs de la neuraminidase, une enzyme permettant la libération des virions, comme l’oseltamivir (Tamiflu®). Ce médicament est actif sur les virus de type A et B et est administré sous forme orale. Pour être efficace, il doit être pris dans les 48 heures suivant l’apparition des symptômes. Il réduit la durée et la sévérité de la maladie, tout en diminuant le risque de complications et de mortalité. Il peut également être utilisé à titre préventif lors d’épidémies, notamment dans les EHPAD. Un autre inhibiteur de la neuraminidase, le zanamivir (Relenza®) peut être prescrit à l’hôpital en cas de résistance à l’oseltamivir, sous forme intraveineuse.
Les symptômes associés à le grippe peuvent être soulagés par des antalgiques (contre la douleur et la fièvre). Il et fortement recommandé de se reposer et de bien s’hydrater, en particulier pour les personnes âgées et les nourrissons.
Les antibiotiques ne sont prescrits qu’en cas de surinfection bactérienne.
Comment éviter d’avoir la grippe ?
Le moyen le plus efficace pour se protéger de la grippe et de ses complications est la vaccination. Les vaccins sont sûrs, efficaces et ne contiennent pas d’adjuvants. Chez les adultes en bonne santé, le vaccin permet une protection de plus de 80% en moyenne. Chez les personnes âgées, l’efficacité est réduite (environ 60 %), mais la vaccination reste essentielle pour limiter la gravité de la maladie et réduire le risque de complications.
La vaccination est particulièrement importante pour les personnes à risque, qui sont plus susceptibles de développer de graves complications. En France, le vaccin contre la grippe est remboursé par l’Assurance maladie. Le vaccin doit être renouvelé chaque année en raison des mutations constantes des virus grippaux. Ces modifications génétiques obligent à ajuster sa composition pour inclure les souches les plus récentes en circulation. L’efficacité du vaccin dépend en partie du degré de correspondance entre les souches vaccinales et les virus circulants.
Des gestes simples permettent de limiter la transmission du virus de la grippe :
-
- Se laver régulièrement les mains avec du savon pendant au moins 30 secondes,
- Jeter les mouchoirs usagés directement dans une poubelle,
- Porter un masque lorsque l’on est contagieux,
- Tousser et éternuer dans son coude pour éviter de projeter des gouttelettes infectées,
- Aérer régulièrement son logement pour renouveler l’air,
- Eviter le contact avec les personnes fragiles si vous êtes malade.
La grippe en chiffres
La grippe saisonnière touche plus de 2 millions de personnes chaque année en France et en tue entre 1000 et 4000 de façon directe et autant de façon indirecte si l’on ajoute les personnes déjà malades qui décompensent après l’épisode grippal. C’est, en France, la première cause de mortalité par maladie infectieuse. A l’échelle planétaire, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que les grippes sont responsables de 250 000 à 500 000 décès par an dans le monde.
De plus, les virus grippaux, facilement transmissibles par voie aérienne, et dont le génome évolue rapidement en permanence, constituent des candidats potentiels à l’émergence d’épidémies plus sévères et de grande ampleur. La grippe (ou influenza) est une infection virale respiratoire aigüe qui affaiblit l’ensemble de l’organisme et pouvant entraîner des complications graves chez certaines personnes, notamment les plus fragiles. Cette maladie qui s’attaque au système respiratoire est très contagieuse : elle peut contaminer 5 à 10% de la population dans les pics d’épidémie principalement par transmission aérienne mais aussi par les mains ou en touchant un objet car le virus de la grippe peut survivre 24h sur une surface dure. La grippe affaiblit tout l’organisme et cause de nombreux décès chaque hiver.
Comment la grippe attaque-t-elle le corps ?
Le virus infecte les cellules des voies respiratoires, où il utilise les ressources cellulaires pour produire des protéines nécessaires à la fabrication de nouveaux virus, appelés virions, qui sont ensuite libérés. L’enzyme responsable de la réplication de l’ARN viral commet fréquemment des erreurs, entrainant des modifications génétiques progressives, appelées mutations par “glissement”. Ce phénomène explique pourquoi les virus de la grippe évoluent légèrement d’une année à l’autre, rendant nécessaires les ajustements annuels des vaccins pour les grippes saisonnières.
De plus, si une cellule est infectée simultanément par plusieurs virus grippaux, les nouveaux virions peuvent incorporer un mélange des génomes des différents virus. Ce processus de recombinaison génétique peut donner naissance à de nouveaux virus, contre lesquels la population humaine n’a pas encore développé d’immunité, augmentant ainsi le risque de pandémies.
Qui a le plus de risques d’avoir la grippe ?
La grippe peut toucher tout le monde, mais ses effets varient en fonction de l’état de santé de chaque individu.
- Les personnes à risques sont celles dont le système immunitaire est immature ou affaibli, comme les très jeunes enfants, les personnes âgées, les femmes enceintes, les fumeurs, et les personnes atteintes de maladies chroniques.
- Les personnes les plus exposées sont celles qui ont le plus de risque d’être en contact avec le virus, tels que les professionnels de la santé, les personnes fréquentant régulièrement les lieux publics, ou celles travaillant ou voyageant dans des espaces confinés contaminés, en particulier durant les épidémies.
Les bénéfices de la vaccination contre la grippe en entreprise
En France, en période épidémique, près de 70 % des adultes grippés ayant un emploi prennent en moyenne 4,8 jours d’arrêt de travail. Cet absentéisme représente environ 2 millions de journées de travail lors des épidémies faibles, et jusqu’à 12 millions lors des épidémies intenses, ce qui désorganise la vie économique et sociale.
Pour limiter ces impacts, de nombreuses entreprises organisent des campagnes de vaccination sur le lieu de travail. Le service de vaccination de l’Institut Pasteur de Lille, l’un des principaux acteurs au nord de Paris, vaccine chaque année 10 000 personnes dans plus de 300 entreprises et collectivités.
Les travaux de recherche sur la grippe à l’Institut Pasteur de Lille
Au sein du Centre d’Infection et d’Immunité de Lille, l’équipe « Influenza, Immunité et Métabolisme » dirigée par François Trottein, cherche à comprendre les mécanismes expliquant la susceptibilité accrue des personnes âgées à la grippe. Une des pistes principales étudiées concerne le microbiote intestinal, qui joue un rôle clé dans l’immunité pulmonaire grâce à la production de métabolites circulant dans l’organisme. Par ailleurs, avec l’âge, la composition et l’activité métabolique du microbiote sont altérées. Les chercheurs tentent d‘identifier les facteurs microbiens impliqués dans les défenses immunitaires, et qui seraient déficients chez les personnes âgées. Leur objectif ultime est de restaurer les fonctions du microbiote intestinal à l’aide de probiotiques ou de de postbiotiques.
Isabelle Wolowczuk dans l’équipe « Influenza, Immunité et Métabolisme » explore les perturbations métaboliques causées par l’infection, notamment au niveau du tissu adipeux blanc.
Enfin, un autre axe de recherche porte sur la sénescence cellulaire, un processus biologique lié au vieillissement. Les chercheurs tentent d’éliminer les cellules sénescentes à l’aide de drogues spécifiques pour améliorer la réponse immunitaire et mieux contrôler la grippe et ses complications.
En collaboration avec Sandrine Belouzard et Karin Séron de l’équipe « Virologie Moléculaire et Cellulaire » (Jean Dubuisson), les chercheurs travaillent également à l’identification de nouvelles molécules antivirales. Le consortium Virocrib (Institut des Sciences Biologiques du CNRS) auquel participe l’équipe « Virologie Moléculaire et Cellulaire » du Centre d’Infection et d’Immunité de Lille a pour mission d’accélérer le criblage de molécules contre des virus présentant des risques d’émergence, ce qui inclue les virus de la grippe.
—
Contact chercheurs
francois.trottein@pasteur-lille.fr, isabelle.wolowczuk@pasteur-lille.fr
Equipe « Influenza, Immunité et Métabolisme »
Institut Pasteur de Lille
Center for Infection and Immunity of LilleINSERM U1019 – CNRS UMR9017Univ Lille Nord de France, CHU Lille
Financements relatifs aux projets de recherche de l’équipe « Influenza, Immunité et Métabolisme »
Projet GUTSY: Determining how age-associated gut microbiota dysfunction impairs the host’s defense against respiratory infections»- ANR APP générique 2023 (2024-2027) – F Trottein/coord
Projet IPA-VIR: ”Etudes des effets antiviraux des analogues structuraux de l’acide indole-3-propionique -START-AIRR (Région Hauts-de-France) (2025) – F Trottein/coord
—
Contact chercheurs
sandrine.belouzard@ibl.cnrs.fr et karin.seron@ibl.cnrs.fr
Equipe « Virologie Moléculaire et Cellulaire »
Institut Pasteur de Lille
Center for Infection and Immunity of LilleINSERM U1019 – CNRS UMR9017Univ Lille Nord de France, CHU Lille