Maladies infectieuses et inflammatoires
Les infections microbiennes et les maladies inflammatoires restent des causes majeures de mortalité et de morbidité dans le monde. Un décès sur quatre est dû à des infections, une proportion deux fois plus élevée que la mortalité due au cancer.
L’incidence est encore plus élevée chez les enfants, où les maladies infectieuses sont la première cause de décès. Leur impact à long terme sur d’autres affections telles que les cancers, les maladies cardiovasculaires, métaboliques et neurodégénératives, est considérable.

La compréhension de l’infection et de l’immunité, y compris ses dérégulations, nécessite des approches multidisciplinaires et intégrées qui sont développées au sein du Centre d’Infection et Immunité de Lille (CIIL).
Les 14 équipes du CIIL rassemblent près de 230 chercheurs, ingénieurs, techniciens et étudiants ayant des expertises complémentaires qui couvrent un vaste ensemble de disciplines, passant par l’épidémiologie moléculaire, la virologie, la bactériologie et la parasitologie moléculaire et cellulaire, pour aller jusqu’aux bases immunologiques des maladies infectieuses et non infectieuses et au développement d’applications cliniques.
L’objectif des chercheurs est de contribuer au développement d’approches innovantes dans les domaines du diagnostic, du traitement et de la prévention (vaccin) de ces maladies tout en analysant leur impact sur le terrain.
Les recherches à l’Institut Pasteur de Lille
Au sein du Centre d’Infection et d’Immunité de Lille, les scientifiques étudient les maladies bactériennes, virales et parasitaires et la réaction immunitaire contre ces infections ainsi que les dysfonctionnements immunitaires associés à des maladies non infectieuses telles que l’asthme allergique et la broncho-pneumonie chronique obstructive (BPCO). Les équipes travaillent également sur les infections opportunistes dans le cadre de la mucoviscidose qui est la maladie génétique humaine la plus fréquente. Les principales maladies infectieuses étudiées sont la tuberculose, la pneumonie à pneumocoque, la coqueluche, la peste, l’hépatite C, l’hépatite E, la grippe, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS), la COVID-19, le paludisme, la schistosomiase, la toxoplasmose, la cryptosporidiose et la blastocystose.
Coronavirus et COVID-19
Spécialiste de la virologie moléculaire et cellulaire, l’équipe du Dr Jean Dubuisson travaille depuis plusieurs années sur les coronavirus, comme le MERS-CoV et le SARS-CoV-2 qui est responsable de la pandémie de COVID-19. Les recherches de l’Institut Pasteur de Lille visent à caractériser les interactions des coronavirus avec les cellules afin de mieux comprendre leur cycle viral et d’identifier des cibles antivirales. L’objectif est de développer des approches thérapeutiques contre les coronavirus émergents. D’autres équipes du CIIL travaillent aussi sur ce virus, notamment celle du Dr François Trottein qui développe des modèles précliniques permettant d’étudier l’efficacité potentielle des candidats médicaments et de mieux comprendre la physio-pathologie de la COVID-19.
Face à la pandémie de la COVID-19, l’Institut Pasteur de Lille a mobilisé une équipe dédiée “Task Force” pour :
- Identifier le plus rapidement possible, parmi une collection réunissant l’ensemble des médicaments utilisés dans le monde, ceux qui peuvent inhiber ce virus.
- Trouver les armes thérapeutiques pour les prochaines épidémies à coronavirus, en ciblant des constituants précis du virus.
- Développer des plateformes vaccinales, pour une meilleure protection de la population.
La Coqueluche
Les recherches s’orientent vers la mise au point d’un vaccin nasal qui devrait permettre de vacciner les jeunes enfants dès la naissance et de les protéger au moment où ils sont le plus vulnérables (équipe du Dr Nathalie Mielcarek et Camille Locht). Le candidat vaccin est une souche de Bordetella pertussis génétiquement atténuée dont l’efficacité a été prouvée expérimentalement. Le vaccin administré par instillation indolore d’une goutte nasale est en cours d’évaluation chez l’homme et pourrait être utilisé dans l’ensemble des pays du monde.
Les surinfections bactériennes
Les chercheurs étudient en laboratoire les mécanismes de l’immunité qui rendent certains individus grippés plus sensibles aux infections bactériennes, ou certaines formes de grippes particulièrement virulentes.
L’équipe du Dr François Trottein a récemment montré que le microbiote intestinal joue un rôle clé lors de cette infection. « Ainsi, en renforçant les propriétés de ce microbiote, on se protégerait mieux contre la grippe et ses complications, notamment les surinfections bactériennes » nous explique François Trottein.
L’Hépatite E
L’équipe du Dr Jean Dubuisson développe des travaux de recherche sur la biologie du virus de l’hépatite E. “Il est difficile de propager ce virus en culture cellulaire et nous avons mis au point un système de culture cellulaire afin d’étudier les interactions entre le virus de l’hépatite E et son hôte. La connaissance fondamentale que nous espérons accumuler sur ce virus devrait nous aider à développer des molécules antivirales pour lutter contre les formes graves de cette infection virale” souligne Jean Dubuisson.
Le Paludisme
L’équipe animée par le Dr Jamal Khalife étudie les mécanismes moléculaires et cellulaires impliqués dans la croissance et la différentiation du parasite Plasmodium afin de proposer de nouveaux moyens de contrôles du paludisme.
Depuis plusieurs années, l’équipe s’intéresse aux enzymes du Plasmodium impliquées dans le remodelage de la chromatine et les modifications des histones. L’équipe a identifié plusieurs molécules particulièrement actives dont l’efficacité a également été démontrée dans un modèle préclinique.
L’équipe du Dr Sylviane Pied s’intéresse, quant à elle, à la réponse immunitaire lors d’une primo-infection par le Plasmodium falciparum. Ces études allient recherche fondamentale et recherche clinique chez des cohortes de patients africains ou indiens. La recherche sur le terrain est réalisée grâce à un réseau de collaboration notamment au Gabon et en Inde.
La toxoplasmose
Cette parasitose est l’une des plus répandues dans le monde touchant plus d’un tiers de la population mondiale. Elle est causée par un parasite, Toxoplasma gondii, transmis par la nourriture ou l’eau contaminée. L’infection par T. gondii est une cause importante de morbidité et de mortalité néonatale et peut être fatale chez les patients immunodéprimés (SIDA, patients greffés ou atteints de certains cancers).
Actuellement, peu de molécules permettent de lutter efficacement contre ce parasite et certaines formes parasitaires échappent encore totalement aux traitements, notamment des formes parasitaires latentes retrouvées dans le cerveau et les muscles. Les Dr Sabrina Marion et Mathieu Gissot étudient la biologie du parasite et notamment sa capacité à proliférer. Les chercheurs tentent aussi de comprendre comment le système immunitaire répond à l’infection afin d’identifier de nouvelles pistes vaccinales.
La Peste
Dans le cadre des maladies potentiellement émergentes, les équipes de l’Institut Pasteur de Lille travaillent sur des pathogènes rares, susceptibles de déclencher des épidémies. L’équipe dirigée par le Dr Florent Sebbane travaille sur les mécanismes moléculaires de la propagation de la peste. Plus particulièrement, elle cherche à identifier les gènes qui permettent à la bactérie d’être transmise efficacement par la puce ainsi que ceux responsables de la maladie chez le mammifère. « Le but est de proposer des mesures préventives efficaces en cas de résurgence de cette maladie très contagieuse » nous confie Florent Sebbane
Concernant les maladies inflammatoires, le CIIL s’est spécialisé dans le domaine des pathologies pulmonaires. Ainsi, l’équipe de Anne Tsicopoulos travaille sur l’asthme allergique, à la fois chez l’homme et dans des modèles précliniques. Par ailleurs, l’équipe du Dr Philippe Gosset s’intéresse à la broncho-pneumonie chronique obstructive (BPCO), une maladie très invalidante qui touche plus de 10% de la population en France. « Les objectifs de nos recherches sont de mieux comprendre la physiopathologie de ces maladies et in fine de proposer des traitements pertinents et novateurs » nous confient les deux chercheurs.
D’autres maladies infectieuses sont étudiées au sein du CIIL dont la tuberculose (Priscille Brodin, Alain Baulard), la pneumonie à pneumocoque (Jean Claude Sirard), la schistosomiase (Oleg Melnyk), la cryptosporidiose et la blastocystose (Eric Viscogliosi). Les scientifiques cherchent à mieux comprendre la biologie des agents pathogènes et la façon dont l’organisme réagit contre ces derniers. Ces recherches intégrées visent à identifier de nouvelles approches thérapeutiques innovantes. Dans ce contexte, la recherche de nouveaux antibiotiques est particulièrement active. A titre d’exemple, l’équipe du Dr Ruben Hartkoorn (ERC) cherche à identifier de nouveaux antibiotiques et à mettre en place des stratégies innovantes capables d’améliorer la pénétration des antibiotiques dans les bactéries.
INTHREPIDE : notre programme de lutte contre les risques épidémiques et la résistance aux antibiotiques
Les récentes pandémies montrent l’impérieuse nécessité pour nos sociétés de se donner les moyens d’une très grande réaction face à l’émergence d’agents pathogènes susceptibles de les destabiliser.
Le programme de recherche INTHREPIDE, lancé par les chercheurs de l’Institut Pasteur de Lille, a pour ambition d’identifier de nouveaux principes thérapeutiques contre les infections virales émergentes et les infections par des bactéries multi-résistantes.
“Le Centre d’Infection et d’Immunité de Lille (CIIL) développe des projets de recherche sur les mécanismes moléculaires et cellulaires des maladies infectieuses et inflammatoires chroniques dans le but d’appliquer ces connaissances au développement et à l’amélioration de leur diagnostic ainsi que des vaccins et traitements.”