La grippe aviaire ou grippe A

Les oiseaux aquatiques sauvages ou domestiques (poulets, dindes, canards) peuvent être infectés par différentes souches de virus Influenza A (grippe aviaire/grippe A). Les souches virales peuvent être classées en deux catégories selon la sévérité de la maladie chez les oiseaux : les virus faiblement pathogènes provoquant peu de symptômes et les virus hautement pathogènes (sous-type H5, H7 et H9) qui provoquent des maladies très sévères et un taux de mortalité important (épizooties).
Certains de ces virus d’origine aviaire peuvent ponctuellement passer la barrière d’espèce et infecter des mammifères, dont des humains. On parle alors de grippe zoonotique.
Comment la grippe aviaire se transmet-elle chez l’Homme ?
La grippe aviaire se transmet par voie respiratoire. Les humains se contaminent essentiellement lors de contacts rapprochés avec des animaux infectés (abatage, plumage des volailles…) ou leurs sécrétions/déjections. Les contaminations par contact avec un environnement souillé sont théoriquement possibles. Le virus peut également se trouver dans le lait de vaches laitières infectées. La pasteurisation est très efficace pour détruire le virus. A l’heure actuelle, dans tous les cas humains avérés de grippe zoonotique, les personnes étaient en contact direct avec des volailles infectées.
La transmission entre humains du virus H5N1 est extrêmement rare. A ce jour, il n’y a pas de preuve d’une transmission continue entre personne.
Quels sont les symptômes de la grippe aviaire chez l’Homme ?
Les symptômes de la grippe aviaire sont assez similaires à ceux d’une grippe saisonnière si l’infection se cantonne à l’arbre bronchique (l’ensemble des structures véhiculant l’air inspiré et expiré, entre le larynx et les alvéoles pulmonaires) :
- toux et les signes généraux intenses
- fièvre
- frissons avec de la fièvre à 39-40°c
- fatigue intense
- maux de tête,
- douleurs musculaires et articulaires
Chez l’Homme, dans le cas de la grippe aviaire à H5N1, une nécrose intense et étendue de l’épithélium bronchique et un œdème pulmonaire lésionnel amenant à une insuffisance respiratoire aiguë peuvent apparaitre quelques jours après les premiers symptômes. De plus, chez les sujets qui sont décédés, une défaillance polyviscérale a été constatée. Le virus peut envahir d’autres organes (foie, cœur, rein, cerveau…).
Quels sont les traitements de la grippe aviaire ?
Le traitement de la grippe (qu’elle soit aviaire ou saisonnière) est en premier lieu symptomatique : la fièvre et les douleurs sont traitées par des anti-inflammatoires et des antalgiques.
Des antiviraux comme l’Oseltamivir (Tamiflu®) sont également administrés. Pour être efficace, le traitement doit être administré rapidement (au plus tard 36 heures après le début des symptômes). Il faut noter que le Tamiflu® peut également être administré en traitement prophylactique en post-exposition. L’objectif est d’éviter l’apparition des symptômes après contact avec une personne porteuse du virus.
Quelles sont les mesures prises pour éviter la propagation de la grippe aviaire ?
De nombreuses mesures sont proposées pour contenir les virus de sous-type H5N1 :
- la surveillance de l’avifaune sauvage,
- la prévention de la circulation chez la volaille domestique (par exemple par confinement), et
- la détection précoce des foyers d’infection.
En cas de suspicion, l’élevage entier est abattu afin d’éviter le risque de transmission. La vaccination massive des volailles domestiques, notamment en France (2024), a considérablement diminué l’incidence de la grippe aviaire dans les élevages.
Comment éviter d’avoir la grippe aviaire ?
- évitez les endroits à risque élevé, comme les fermes d’élevage de volaille et les marchés d’animaux vivants ;
- évitez tout contact direct avec les oiseaux, notamment les poules, poulets, canards et oiseaux sauvages ;
- évitez les surfaces contaminées par des excréments ou des sécrétions d’oiseaux ; observez les règles d’hygiène des mains et d’hygiène alimentaire.
L’histoire de la grippe aviaire
Les virus de sous-type H5N1 sont apparus chez l’homme en 1997 à Hong Kong. L’infection chez l’humain a coïncidé avec une large épizootie, probablement apparue en Chine. Ces virus influenza A (H5N1) ont ensuite circulé dans l’Asie du Sud-Est, donnant lieu à de nouveaux cas humains notamment en 2003-05. Le virus s’est ensuite propagé dans le monde, et cela malgré l’abattage massif des volailles domestiques. Des cas de transmissions ponctuelles chez l’homme ont été rapportés. Les virus de sous-type H5N1 peuvent aussi infecter d’autres mammifères comme le renard et le chat.
Depuis 2024, le virus H5N1 circule dans certains élevages de vaches laitières aux USA avec des évènements de transmission chez l’Homme, les volailles et les chats. Le nombre de cas d’infections chez les mammifères, ainsi que la variété des espèces touchées fait craindre l’émergence d’un virus plus adapté aux mammifères et capable de diffuser dans la population humaine.
FAQ grippe aviaire
Peut-on attraper la grippe aviaire en mangeant ?
L’Homme ne peut pas attraper la grippe aviaire en mangeant de la volaille, de la viande ou des œufs bien cuits.
Que faire en cas de suspicion de cas de grippe aviaire ?
En cas de suspicion de cas chez la volaille domestique ou oiseaux sauvages, il faut se protéger individuellement : ne pas s’exposer et se laver les mains. C’est une maladie à déclaration obligatoire, il faut donc se rapprocher des services vétérinaires départementaux. En cas de contact avec des animaux infectés, le port d’équipements de protection individuels est obligatoire (masques, lunettes, gants…).
En cas de symptômes d’infections respiratoires des sujets en contact avec des volailles ou des oiseaux sauvages malades, il faut rapidement consulter et prendre les mesures barrières. Pour les professionnels exposés aux élevages et les sujets exposés aux volailles domestiques ou oiseaux, la vaccination contre la grippe saisonnière est conseillée.
Les travaux de recherche à l’Institut Pasteur de Lille
Des équipes du Centre d’Infection et d’Immunité de Lille travaillent sur la grippe.
L’équipe de Sandrine Belouzard et Karin Séron « Virologie Moléculaire et Cellulaire » (Jean Dubuisson) se consacre à l’identification de nouvelles molécules antivirales. Le consortium Virocrib (Institut des Sciences Biologiques du CNRS) auquel participe l’équipe « Virologie Moléculaire et Cellulaire » du Centre d’Infection et d’Immunité de Lille a pour mission d’accélérer le criblage de molécules contre des virus présentant des risques d’émergence, ce qui inclue les virus de la grippe.
L’équipe « Influenza, Immunité et Métabolisme » dirigée par François Trottein cherche à comprendre les mécanismes responsables de la susceptibilité des personnes âgées à contracter la grippe.
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Contact chercheurs
sandrine.belouzard@ibl.cnrs.fr et karin.seron@ibl.cnrs.fr
Equipe « Virologie Moléculaire et Cellulaire »
Institut Pasteur de Lille
Center for Infection and Immunity of LilleINSERM U1019 – CNRS UMR9017Univ Lille Nord de France, CHU Lille
francois.trottein@pasteur-lille.fr
Equipe « Influenza, Immunité et Métabolisme »
Institut Pasteur de Lille
Center for Infection and Immunity of LilleINSERM U1019 – CNRS UMR9017Univ Lille Nord de France, CHU Lille