
Julie Penin, diététicienne à l’Institut Pasteur de Lille.
Depuis de nombreuses années, l’Institut Pasteur de Lille a développé une prise en charge globale, complétant les examens de prévention en santé (proposés par l’assurance maladie) par des ateliers et prises en charge spécifiques : bien manger, bien bouger… C’est cette approche qui est aujourd’hui privilégiée pour dépister et accompagner les publics afin de les aider à sortir de la zone de fragilité.
Qu’est-ce que le microbiote et pourquoi est-il si important pour notre santé ?
Julie Penin (JP) : Le microbiote, notamment le microbiote intestinal, est composé d’une diversité de micro-organismes, principalement des bactéries, avec entre 800 et 1000 espèces différentes. Il est souvent qualifié de “deuxième cerveau” du corps en raison de son rôle crucial dans notre santé globale. Un microbiote équilibré est essentiel pour le bien-être général, agissant sur des aspects variés comme l’humeur, l’anxiété mais aussi sur la prévention des maladies en limitant le développement de bactéries pathogènes ou encore l’inflammation intestinale. Un microbiote sain permet également une bonne assimilation des nutriments et favorise le bon fonctionnement de notre système immunitaire.
Comment peut-on prendre soin de son microbiote au quotidien ?
JP : Prendre soin de son microbiote implique une approche holistique de la santé. Cela passe par une alimentation équilibrée et diversifiée, mais aussi par une activité physique régulière, un sommeil réparateur et une gestion efficace du stress. Tous ces facteurs peuvent influencer positivement ou négativement l’équilibre du microbiote.
Pour favoriser un microbiote sain, il est recommandé de consommer des aliments riches en fibres. Cela inclut les fruits et légumes entiers (non mixés ou filtrés pour préserver les fibres), les produits céréaliers complets (comme le seigle ou l’avoine), les légumes secs et les fruits oléagineux.
Quelle est la différence entre les probiotiques et les prébiotiques, et comment les intégrer à notre alimentation ?
JP : Les probiotiques sont des micro-organismes vivants bénéfiques que l’on retrouve dans les aliments fermentés tels que les yaourts, le kéfir ou la choucroute. Les prébiotiques, quant à eux, ne sont pas des êtres vivants mais ils nourrissent ces micro-organismes. Il s’agit essentiellement de fibres qui ne sont pas digérées dans le système digestif « classique » et qui arrivent intactes dans le côlon où elles sont fermentées par les bonnes bactéries. Cette fermentation fournit de l’énergie et permet alors de stimuler la croissance et l’activité des bonnes bactéries afin d’améliorer la santé intestinale globale. On les trouve dans des aliments comme l’oignon, l’ail, la banane, les asperges, les artichauts, les pommes, la chicorée, les flocons d’avoine ou le seigle. Une alimentation variée permet généralement d’apporter suffisamment de prébiotiques et de probiotiques sans nécessiter de compléments.

JP : Pour favoriser un microbiote sain, il est recommandé de consommer des aliments riches en fibres. Cela inclut les fruits et légumes entiers (non mixés ou filtrés pour préserver les fibres), les produits céréaliers complets (comme le seigle ou l’avoine), les légumes secs et les fruits oléagineux. Ces aliments fournissent l’énergie nécessaire au développement d’un microbiote efficace et aident à maintenir l’équilibre en symbiose dans notre intestin.
JP : Certains éléments peuvent déséquilibrer le microbiote, conduisant à une dysbiose. Il est conseillé de limiter la consommation de sucre raffiné, d’acides gras saturés (présents notamment dans la viande rouge) et de produits ultra-transformés qui n’apportent pas ou peu de fibres et contiennent souvent des additifs. Il est donc recommandé de privilégier le fait maison. De même, la consommation de tabac et d’alcool peut affaiblir le microbiote.
JP : Oui, l’intestin est surnommé le “deuxième cerveau” en raison de son lien étroit avec la santé mentale. Le côlon est un site important de production de sérotonine, un neurotransmetteur qui influence l’humeur. Un microbiote déséquilibré peut donc avoir un impact sur l’humeur et l’anxiété. Il existe une communication inter-organes entre l’intestin et le cerveau, avec des voies qui peuvent relier les deux, soulignant l’importance d’un microbiote sain pour la fonction cérébrale.
JP : Les compléments probiotiques peuvent être utiles, notamment en cas de dérèglement avéré du microbiote, comme après un traitement antibiotique qui peut le perturber ou dans le cas de certaines maladies. Dans ces situations, des compléments peuvent aider à rétablir l’équilibre mais il est recommandé d’avoir un avis médical avant toute prise de compléments alimentaires. Une alimentation variée et équilibrée, riche en aliments fermentés et en fibres, est souvent suffisante pour maintenir un microbiote sain sans nécessiter de supplémentation systématique. On estime qu’une durée de 6 semaines est nécessaire pour modifier son microbiote intestinal en changeant ses habitudes alimentaires.
JP : En plus d’une alimentation saine, d’autres aspects de l’hygiène de vie sont cruciaux pour le microbiote. Il s’agit de maintenir une bonne hydratation, de pratiquer une activité physique régulière permettant ainsi de lutter contre la sédentarité, de veiller à avoir un sommeil réparateur et de gérer efficacement le stress. Ces habitudes contribuent à un environnement corporel sain qui favorise un microbiote équilibré et résilient.