Il n’est pas rare que des maladies que nous croyions éradiquées depuis des décennies soient en réalité toujours présentes sur la planète. Depuis de nombreuses années, Philip SUPPLY, Directeur de recherche au CNRS, cherche à comprendre le fonctionnement de la lèpre et trouver des traitements. 

« Dans l’inconscient collectif, on imagine la lèpre comme une maladie qui remonte aux temps bibliques, mais il y a encore de nos jours plus de 200 000 cas de lèpre qui sont détectés chaque année. Et ce chiffre est sans doute sous-estimé parce que c’est une maladie qu’on diagnostique mal. »

Si d’importants progrès ont été réalisés depuis les années 1980 pour soigner les lépreux, un des grands combats d’aujourd’hui consiste à lutter contre la résistance des souches de la maladie aux antibiotiques. « La résistance aux traitements chez les bactéries dans le cas de la lèpre, mais aussi de la tuberculose, sont des problèmes de première importance au niveau mondial. Je travaille beaucoup sur le développement de diagnostics moléculaires pour mieux détecter de façon plus rapide et plus efficace les mutations. »

Au quotidien, Philip s’appuie avec l’entreprise GenoScreen sur des techniques de génomique pour repérer les mutations de résistance afin de développer de nouveaux outils pour combattre la maladie. « Pour ce qui me concerne, la plus grande avancée des dernières décennies est d’ordre technologique. On voit une démultiplication de la puissance des technologies de séquençage pour décoder beaucoup plus vite et à grande échelle le code génétique qui nous intéresse. C’est extrêmement important pour nous, on peut faire des choses aujourd’hui qu’on n’aurait même pas imaginé il y a  dix ou quinze ans !»