On en mange aux fêtes et en général, on se réjouit. Mais quand il s’agit d’un problème de santé personnel, on en sourit ou on se tait car cela fait désordre !

En réalité, la maladie du foie gras – stéatose hépatique de son vrai nom –  est une maladie à prendre au sérieux. Elle est encore mal connue du grand public et sous-estimée. Pourtant c’est la maladie hépatique la plus fréquente aujourd’hui, et une des maladies métaboliques les plus courantes. Elle se développe de façon inquiétante dans les pays industrialisés. Entre 25 et 30 % de la population serait concernée. Appelée également maladie du soda ou encore NASH (acronyme anglais qui signifie : stéato-hépatite non alcoolique), la maladie du foie gras est irréversible lorsqu’elle est diagnostiquée trop tardivement.

Maladie du foie gras: une maladie évolutive

Le foie est une « usine » incroyable. C’est un carrefour entre le tube digestif et la circulation. Tous les nutriments y parviennent mais aussi tous les toxiques (polluants, alcool…). Il filtre, transforme, distribue, élimine, quand il fait bien son travail. Il est bourré d’enzymes qui permettent tout cela. Mais il peut aussi s’encrasser et surtout s’engraisser. Dans ce cas, les cellules hépatiques accumulent les globules de graisses et deviennent inefficaces. Le foie devient gras, c’est la stéatose (en anglais NAFLD). Petit à petit, il peut s’installer en plus une inflammation du foie, stade plus sérieux (en anglais NASH), puis une fibrose qui conduit à la cirrhose et peut se transformer en carcinome. Ce n’est pas réjouissant cette fois, mais heureusement rare.

Modifier son mode de vie pour agir sur la maladie

Le premier stade est bien réversible. Mais comment ? Il suffit de savoir pourquoi cette surcharge graisseuse survient. Il y a deux causes principales et deux facteurs aggravants :

  • La première cause est l’excès de poids avec excès de graisse dans le ventre (surcharge abdominale). Ces graisses qui s’y trouvent se déversent directement dans le foie et l’encombrent.
  • La deuxième cause est nutritionnelle. Elle est due à des apports trop élevés de sucres, surtout de fructose et donc de saccharose (présent en grande quantité dans les boissons sucrées et les aliments sucrés), qui est fait pour moitié de fructose.

Les facteurs aggravants sont :

  • Les toxiques, comme l’alcool et la pollution atmosphérique,
  • Le déséquilibre du microbiote (dysbiose).

Alors, que faire ?

  • Une analyse de sang et une échographie du foie orientent le médecin qui peut prescrire des tests plus précis (fibrotest…).
  • Agir en réduisant l’excès de poids abdominal avec le couple vertueux diététique équilibrée et activité physique.
  • Supprimer les boissons sucrées et réduire les aliments sucrés en excès.
  • Améliorer son microbiote avec des légumes et des produits végétaux variés, et des produits laitiers fermentés (yaourts)
  • Eviter l’alcool et adopter un mode de vie sain (sans barbecue, ni excès répétés de produits trop ou mal cuits).

En général, avec ces mesures simples, beaucoup d’autres problèmes de santé s’améliorent simultanément, par exemple la glycémie (risque de diabète), les triglycérides (graisses du sang), le risque cardiovasculaire ; et la forme revient au galop.

Identifier de nouvelles cibles thérapeutiques

La recherche a un rôle prépondérant dans la découverte de nouveaux traitements de la NASH. A l’Institut Pasteur de Lille, les équipes de recherche étudient les mécanismes à l’origine des altérations du métabolisme des lipides et du glucose, et du système immunitaire survenant dans les conditions pathophysiologiques que sont le syndrome métabolique, la stéato-hépatite non-alcoolique (NASH) et le diabète de type 2 ainsi que ses complications cardiovasculaires associées (athérosclérose, insuffisance cardiaque, valvulopathies). Le but ultime est d’identifier de nouvelles cibles, des stratégies diagnostiques et thérapeutiques pour prévenir et traiter ces pathologies, avec l’ambition de maintenir la grande visibilité internationale et de rester à l’avant-garde dans ce domaine.

 Le Dr Joel Haas, jeune chercheur Inserm d’origine Américaine (Iowa) à l’Institut Pasteur de Lille, a par ailleurs obtenu un contrat de recherche prestigieux pour une durée de cinq ans de la part du Conseil Européen de la Recherche (ERC starting grant). L’objectif de ce projet est de mieux comprendre les signaux métaboliques et immunologiques impliqués dans le passage de la forme précoce vers la forme sévère de la maladie. Une attention particulière sera portée aux cellules dendritiques, bien connues pour leur rôle clé dans la régulation des réponses immune et inflammatoire. Il s’agit d’un projet d’excellence particulièrement novateur à la frontière de l’immunologie et du métabolisme. Des retombées thérapeutiques sont attendues à terme.

Découvrez le Podcast du Dr Joel HAAS – Il était un foie

Par le Docteur Jean-Michel Lecerf,
Médecin nutritionniste, spécialiste en endocrinologie et maladies métaboliques
Directeur médical du Centre Prévention Santé Longévité
Institut Pasteur de Lille