Le cancer du sein se situe au 1er rang des cancers incidents chez la femme (58 500 cas par an), nettement devant le cancer du côlon-rectum (43 000 cas par an)  et le cancer du poumon (46 000 cas par an).

L’âge médian de diagnostic est de 63 ans avec une survie nette à 5 ans de 89%. Il n’existe pas de disparités régionales et/ou départementales d’incidence du cancer du sein. On note que le taux d’incidence augmente de 0.6% par an mais le taux de mortalité est quant à lui en baisse de 1.6 % par an entre 2010 et 2018. Ceci peut s’expliquer en partie par l’amélioration des traitements mais également par  un dépistage du cancer du sein de plus en plus adapté au niveau de risque de chaque femme.

Il existe aujourd’hui de réelles chances de guérison grâce aux progrès de la recherche et de la médecine. Mais guérir d’un cancer dépend de plusieurs facteurs dont l’âge de la personne, la taille et le type de la tumeur, le stade de la maladie. De manière générale, plus les cancers du sein sont détectés tôt et plus les chances de guérison sont importantes. Par ailleurs, les cancers détectés à un stade précoce nécessitent, en général, des traitements moins lourds et moins agressifs, avec moins de séquelles.

Source : Panorama des cancers en France – Édition 2021 – l’Institut national du cancer (INCa)

Après 50 ans : le dépistage organisé

Pour être mis en place un dépistage organisé doit répondre à des critères précis définis par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), en particulier la nécessité de pouvoir détecter le cancer tôt, à une phase où l’on peut le traiter.  En France,  trois cancers bénéficient de ce programme : cancer du sein, cancer colorectal et cancer du col de l’utérus.
Ces dépistages s’adressent aux populations dites à risque moyen c’est à dire sans antécédents de ce type de cancer et sans signes cliniques ou symptômes Dans les autres cas, il s’agit d’un dépistage de population à haut risque ou d’une prise en charge diagnostique ciblée et individuelle

Les deux principaux facteurs de risque de développer un cancer du sein sont :

  • le fait d’être une femme : < 1 % des cas concernent les hommes.
  • l’âge : près de 80 % des cancers du sein touchent des femmes de plus de 50 ans.

Le dépistage organisé du cancer du sein concerne donc toutes les femmes entre 50 et 74 ans. Une invitation à la réalisation d’une mammographie de dépistage est envoyée tous les deux ans aux femmes éligibles. Elle est  accompagnée d’un bon de prise en charge et de la liste des radiologues agréés dans le cadre du programme de prévention national.

Le dépistage consiste en un examen clinique des seins ainsi qu’une mammographie (plusieurs incidences). Une deuxième lecture systématique des mammographies jugées normales est assurée, par sécurité, par un second radiologue expérimenté.

Ce dépistage organisé est pris en charge à 100 % par l’Assurance maladie. Grâce au dépistage, entre 100 et 300 décès par cancer du sein seraient évités pour 100 000 femmes participant de manière régulière au dépistage pendant 10 ans.  L’impact estimé du programme de dépistage organisé du cancer du sein se traduit par une réduction de 15 à 21 %.de sa mortalité

Il convient de ne pas méconnaitre certains risques : possibilité d’un sur-diagnostic et donc d’un sur-traitement, risque (faible) de cancer radio-induit par la mammographie, cancer de l’intervalle (cancer qui survient entre 2 dépistages).

Le programme fait l’objet d’une évaluation annuelle par l’institut de Veille
Sanitaire (InVS). Les indicateurs de participation font en revanche apparaître un résultat inférieur à celui de l’objectif cible de 80% et une forte hétérogénéité par département

Source : Panorama des cancers en France – Édition 2021 – l’Institut national du cancer (INCa)

Les principaux freins relevés sont : personnels (peur du résultat, manque de temps) , liés au professionnels de santé ou organisationnels (avec des cabinets de radiologie parfois loin des domiciles).

L’importance de l’examen clinique annuel

En dehors de ce dépistage organisé, il est préconisé de consulter au moins 1 fois par an son médecin traitant ou son gynécologue pour un examen clinique des seins.

Durant cet intervalle, les femmes doivent rester attentives aux éventuels changements au niveau des seins notamment par l’auto examen. Une consultation rapide chez son médecin est nécessaire si :

  • une boule ou une grosseur apparait dans un sein ou une aisselle ;
  • présence d’une rougeur ou un aspect irrégulier “peau d’orange” de la peau des seins ;
  • apparition d’une rétraction au niveau du mamelon ;
  • présence d’un écoulement anormal.

Une surveillance spécifique pour les patientes à haut risque

Certaines femmes présentent une probabilité bien plus importante que la moyenne d’être atteintes d’un cancer du sein :

  • Antécédents de cancer du sein, de l’utérus et/ou de certaines affections du sein (hyperplasie atypique ou affection proliférative bénigne) ;
  • Exposition à une irradiation thoracique à haute dose avant l’âge de 30 ans
  • Prédispositions génétiques, notamment les mutations familiales BRCA 1 ou BRCA 2

Dans ces situations considérées comme «risque élevé de cancer du sein» ou « risque très élevé » (prédispositions génétiques BRCA1 ou 2), le dépistage organisé n’est pas recommandé et une surveillance spécifique est proposée suivant la situation et l’âge de la personne.

Le dépistage du cancer du sein a pour objectif de détecter plus tôt la tumeur cancéreuse, avant l’apparition de symptômes et ainsi de le soigner plus facilement et d’augmenter les chances de guérison.

Dr LAHOUSSE Sophie
Médecin, Centre Prévention Santé Longévité

Sources de l’article : Institut national du cancer – ZAS dépistage et prévention du cancer du sein – Assurance Maladie – HAS – La participation au dépistage du cancer du sein des femmes de 50 à 74 ans en France.