Le Paludisme

Le paludisme (ou malaria) est la première maladie parasitaire au monde. Elle affecte environ 250 millions de personnes tous les ans, notamment dans les zones tropicales de l’Afrique, l’Amérique du sud et de l’Asie. Le paludisme est dû à un parasite protozoaire appelé Plasmodium. Si cette maladie parasitaire provoque en général l’apparition de symptômes pseudo-grippaux, elle peut aussi être à l’origine de graves complications. On compte environ 600 000 décès par an dans le monde.
Cette maladie concerne le voyageur : plusieurs milliers de cas sont répertoriés chaque année en France chez des sujets qui rentrent d’un séjour en zone d’endémie.
Il y a essentiellement 5 espèces de Plasmodium capables d’infecter l’Homme :
- Plasmodium falciparum, la plus fréquemment rencontrée et à l’origine de la grande majorité des formes mortelles,
- Plasmodium vivax, largement répandue en Amérique du Sud et en Asie du Sud Est mais qui donne peu de forme mortelle,
- Plasmodium ovale, Plasmodium knowlesi et Plasmodium malariae, qui sont les moins répandus.
Le parasite est inoculé à l’homme par la piqûre d’un moustique femelle appartenant au genre Anopheles, lui-même infecté par le parasite. Après un cycle complexe passant par le foie, le parasite infecte les globules rouges.
Les symptômes du paludisme
Les symptômes du Paludisme ou Malaria se manifestent environ 2 semaines après la piqûre du moustique. Le symptôme le plus fréquent du paludisme est une fièvre irrégulière pouvant s’accompagner de troubles digestifs (douleurs abdominales, nausées, vomissements). A ces symptômes s’ajoutent souvent des céphalées (maux de tête) et des douleurs musculaires (myalgies). Dès l’apparition de ces symptômes, il faut rapidement consulter un médecin. Le diagnostic sera rapidement confirmé par des examens de laboratoire reposant sur la recherche du parasite dans le sang et/ou la mise en évidence d’antigènes circulants.
Quelques jours après les premiers symptômes, les accès thermiques surviennent à un rythme régulier avec plusieurs pics de fièvre par jour. Ils s’accompagnent de frissons, tremblements, de sueurs froides, et d’épisodes de transpiration intense.
Parmi les 5 espèces de Plasmodium, le P.Falciparum se distingue des 4 autres espèces par le fait que la maladie peut évoluer vers des formes graves avec risque vital. Parmi les symptômes :
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- difficulté ou détresse respiratoire,s
- saignements,
- jaunisse,
- insuffisance rénale,
- fatigue extrême et
- complications neurologiques avec confusion,
- convulsions,
- troubles du comportement,
- perte de conscience et
- coma.
Dans certains cas, les globules rouges infectés par P. falciparum peuvent être séquestrés dans le cerveau et obstruer les vaisseaux sanguins, ce qui peut être mortel (neuropaludisme). Les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes et les individus immunodéficients sont particulièrement touchés. Les autres espèces de Plasmodium provoquent plutôt des formes dites «bénignes».
Traitement du Paludisme
Le traitement contre le Paludisme ou Malaria permet d’éviter la multiplication des parasites dans l’organisme, l’évolution vers une forme grave de la maladie et la transmission du paludisme. Plus le diagnostic et le début du traitement sont rapides, plus l’efficacité du traitement est augmentée. Plusieurs molécules antipaludiques peuvent être administrées comme médicaments par voie orale ou sanguine (les médicaments injectables sont administrés à l’hôpital). Certaines de ces molécules peuvent être utilisées en prévention sur le court terme (voyage en zone endémique).
Les médicaments les plus couramment utilisés contre le palu sont les suivants :
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- Les combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine contre le paludisme à P. falciparum.
- La chloroquine pour le traitement de l’infection à vivax uniquement dans les endroits où ce parasite est encore sensible à ce médicament.
- La primaquine, en plus du traitement principal, peut aider à prévenir les rechutes de l’infection à P. vivax et à P. ovale.
Depuis plusieurs années, le Plasmodium (notamment P. falciparum) développe des résistances aux molécules antipaludiques (dont la chloroquine) et les moustiques sont également moins sensibles aux insecticides. Certains médicaments sont actifs sur Plasmodium. Les indications thérapeutiques varient surtout en fonction de l’espèce parasitaire en cause (voir plus haut).
Prévention du Paludisme
Pour prévenir et se protéger du paludisme ou Malaria, il faut conjointement :
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- Eviter les piqûres des moustiques (ne pas sortir à la tombée de la nuit, utiliser des moustiquaires et des produits anti-moustique).
- Prendre en prophylaxie des antipaludéens à petite dose. Les médicaments sont conseillés en fonction du type de parasite qui sévit dans la zone visitée. La délivrance des produits nécessite une prescription médicale. Il existe des contre-indications à la prise de ces produits. Le choix d’une chimioprophylaxie doit également tenir compte du type du voyage (un homme d’affaire n’est probablement pas soumis au même risque qu’un baroudeur) ; de la durée du séjour (un court séjour de 3 ou 4 jours peut ne pas nécessiter la même chimioprophylaxie qu’un séjour de 3 semaines ou, a fortiori, qu’un séjour de plus de 6 mois). Les doses des médicaments sont adaptées en fonction du poids. Les médicaments utilisés en chimioprophylaxie ne peuvent être délivrés que sur ordonnance médicale, donc après consultation d’un médecin. Il est déconseillé d’acheter les médicaments sur place à cause des contrefaçons.
Soulignons enfin qu’aucune chimioprophylaxie, même bien adaptée et correctement suivie, n’est efficace à 100%. Les recommandations de chimioprophylaxie sont présentées dans notre site et cela en fonction des pays, régions et zones visitées.
Il existe un vaccin contre le paludisme (RTS, S). Celui-ci, recommandé par l’OMS (4 doses), a montré une efficacité d’environ 40 % contre les formes palustres. D’autres vaccins sont en cours de test.
Les recherches sur le Paludisme à l’Institut Pasteur de Lille
Deux laboratoires travaillent sur le paludisme au sein du Centre d’Infection et d’Immunité de Lille (CNRS UMR9017, INSERM U1019, Univ Lille, IPL).
L’équipe du Docteur Sylviane Pied travaille sur le neuropaludisme. L’objectif des chercheurs est d’identifier les mécanismes dans le cerveau conduisant au développement de la maladie. Les données cliniques (étude sur le terrain) et les modèles précliniques permettent d’identifier des biomarqueurs et/ou des pistes thérapeutiques potentielles.
L’équipe du Docteur Jamal Khalife cherche à caractériser de nouveaux médicaments antipaludéens. Certaines enzymes parasitaires sont ciblées, notamment les phosphatases.