La Rectocolite hémorragique

 

Qu’est-ce que la rectocolite hémorragique ?

La rectocolite hémorragique ou colite ulcéreuse est une maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI) qui affecte le côlon et le rectum. Tout comme la maladie de Crohn, elle peut s’accompagner de manifestations extra-intestinales (articulaires, cutanées, oculaires…).

La rectocolite hémorragique et la maladie de Crohn sont dues à une dérégulation du système immunitaire. Il peut y avoir une prédisposition génétique d’où l’importance de mieux comprendre la fonction des gènes aussi bien que l’importance de l’environnement dans le développement de ces maladies invalidantes.

En France, près de 300 000 cas de MICI sont recensés en France, dont 37 % de rectocolite hémorragique. Les MICI sont le plus souvent diagnostiquées entre 20 et 30 ans. Toutefois, elles peuvent survenir à tout âge et 15% des cas concernent des enfants.

Le risque de développer un cancer colorectal chez les patients atteints de rectocolite hémorragique augmente avec la durée de la maladie. Une méta-analyse a estimé ce risque à 2 % après 10 ans d’évolution, 8 % à 20 ans et 18 % à 30 ans.

 

Quels sont les symptômes de la rectocolite hémorragique ?

Les symptômes de la rectocolite hémorragique sont :

  • Diarrhée sanglante : Présence de sang et de glaires dans les selles, avec des selles fréquentes, parfois jusqu’à 20 fois par jour.
  • Douleurs abdominales : Spasmes ou douleurs au niveau de l’abdomen. ​
  • Besoin urgent d’aller à la selle : Envies pressantes, souvent sans résultat ou pour émettre de petites quantités. ​
  • Sensation de brûlure anale : Douleur ou inconfort au niveau de l’anus. ​

Ces symptômes sont souvent accompagnés d’une fatigue persistante, de fièvre et de perte de poids.

Chez les enfants et les adolescents, la rectocolite hémorragique peut également entraîner des troubles de la croissance et un retard de la puberté.

 

Diagnostic de la rectocolite hémorragique

Le diagnostic de la rectocolite hémorragique repose sur un ensemble d’examens cliniques et complémentaires.

Voici les principales étapes du processus de diagnostic :

  1. Examen clinique et entretien avec le patient

Le médecin commence par un examen clinique et un entretien avec le patient. Cette première étape permet de recueillir des informations sur :

  • Les symptômes observés
  • Le contexte d’apparition des symptômes
  • La fréquence et la sévérité des poussées

 

  1. Examens endoscopiques

Pour confirmer le diagnostic, plusieurs examens endoscopiques peuvent être réalisés :

  • Rectosigmoïdoscopie : Cet examen consiste à introduire une sonde souple dans le rectum et le début du côlon. Il permet de visualiser les muqueuses du rectum et du côlon afin de détecter des ulcères ou des signes d’inflammation.
  • Iléocoloscopie : Si l’inflammation concerne la partie plus haute du côlon, une iléocoloscopie est nécessaire. Réalisée sous anesthésie générale, cette procédure permet d’examiner toute la muqueuse du côlon, jusqu’à la fin de l’intestin grêle. Un prélèvement pour biopsie peut être effectué à cette occasion.

 

  1. Bilan biologique

Un bilan biologique est également prescrit pour évaluer :

  • La présence d’une anémie, souvent causée par les hémorragies répétées
  • Les signes d’inflammation dans le corps

 

  1. Examens bactériologiques et parasitologiques

Un examen bactériologique et parasitologique des selles est effectué pour rechercher d’éventuelles infections par des bactéries ou des parasites, qui peuvent expliquer les symptômes observés.

 

  1. Examens complémentaires

En fonction des résultats, des examens complémentaires peuvent être nécessaires, tels que :

  • Imagerie médicale : échographie abdominale, scanner abdominal ou IRM, pour obtenir une vue d’ensemble de l’état du côlon et des organes voisins.
  • Examens ophtalmologiques : Si des symptômes oculaires sont présents, un suivi ophtalmologique peut être recommandé.

 

L’évolution de la rectocolite hémorragique

La rectocolite hémorragique est une maladie complexe qui, lorsque bien suivie et prise en charge, permet de vivre dans de bonnes conditions. Dans ce cas, la maladie n’affecte pas l’espérance de vie.

Des complications peuvent apparaitre dans le cas d’une colite aigüe, qui nécessite une prise en charge en urgence.

Une autre complication possible est l’évolution vers un cancer colorectal.

 

Traitement et prévention

Il n’existe pas de traitement de la rectocolite hémorragique. Toutefois, les symptômes sont souvent bien traités. La prise en charge se fait par le médecin généraliste ou un  gastroentérologue.

Des médicaments peuvent être utilisés pour le traitement des poussées de la rectocolite hémorragique et pour prévenir les rechutes :

  • Les composés dérivés de l’acide aminosalicylique ou les aminosalicylates. Les 5‑aminosalicylés (5‑ASA)sont le plus souvent prescrits dans les formes débutantes et de sévérité faible à moyenne
  • Les corticoïdes
  • Les biothérapies (traitement immunomodulateurou immunosuppresseur). Le vedolizumab est un anticorps monoclonal indiqué en cas de poussées modérées à sévères chez les adultes atteints d’une MICI non contrôlée malgré un traitement conventionnel (corticoïdes, immunosuppresseurs) et/ou à base d’anticorps anti-TNFα. Ce médicament bloque une molécule, l’intégrine, qui permet l’acheminement de cellules de l’immunité (des lymphocytes) au niveau des régions inflammées du tube digestif.
  • Une transplantation fécale peut-être proposée. Elle consiste à introduire les selles d’une personne saine dans le tube digestif d’un patient afin de reconstituer sa flore intestinale. Cette stratégie vise à contrecarrer les anomalies du microbiote intestinal constaté chez les personnes atteintes de MICI, dont la rectocolite hémorragique. Près de la moitié des patients répondent au traitement (entre 24% et 50% selon les essais), avec une efficacité supérieure dans la rectocolite hémorragique. Cependant, la rémission observée chez ces patients n’est que temporaire.

Une intervention chirurgicale peut être requise en urgence en cas d’hémorragie digestive ou de perforation du côlon.

Pour prévenir la rectocolite hémorragique il est conseillé d’avoir une bonne hygiène de vie, de gérer son stress qui peut être déclencheur et de ne pas fumer. Une alimentation saine et équilibrée -pour favoriser la qualité de son microbiote intestinal – est conseillée.