Cancer du poumon : comprendre et anticiper la maladie
Mise à jour : 2024
Le facteur de risque principal du cancer bronchopulmonaire ou cancer bronchique est le tabagisme.
Au cœur de la lutte contre le cancer à l’Institut Pasteur de Lille, l’équipe de recherche « Efficacité et résistances aux thérapies ciblées anti-tumorales » du Dr David Tulasne imagine de nouvelles pistes de traitements pour ce cancer.
Découvrez les travaux menés contre le cancer du poumon afin de permettre à chacun de vivre plus longtemps.

Chiffres et données sur le cancer du poumon
Le cancer du poumon est la première cause de décès par cancer en France avec environ 33 000 décès par an.
Avec environ 50 000 nouveaux cas estimés en 2023, il est le 2ème le plus fréquent en France chez les hommes et 3ème chez les femmes.
La proportion de femmes atteintes est en forte progression avec près de 20 000 nouveaux cas en 2023 et stagne chez l’homme avec plus de 30 000 cas.
Le cancer du poumon est d’autant plus grave qu’il est souvent découvert tardivement et à un stade métastatique.
Il existe deux types de cancer du poumon :
- Le cancer du poumon à petites cellules (15% des cas)
- Le cancer du poumon non à petites cellules (85% des cas)
Quels sont les symptômes du cancer du poumon ?
Les symptômes du cancer du poumon peuvent varier en fonction de la localisation et du stade de la maladie. Souvent, les symptômes apparaissent à un stade avancé, ce qui rend le diagnostic précoce difficile.
Voici les principaux signes qui peuvent révéler un cancer du poumon :
- toux persistante ou infection répétée des voies respiratoires,
- essoufflement anormal,
- douleurs thoraciques,
- présence de sang dans les crachats,
- fatigue excessive,
- perte de poids inexpliquée,
- symptômes liés à l’émergence de métastases, c’est-à-dire à l’atteinte d’organes à distance (douleur osseuse, symptômes neurologiques en rapport avec une métastase au cerveau …).
Quels sont les causes du cancer du poumon ?
Responsable de 80 à 90% des cas, le tabagisme est le principal facteur de risque du cancer du poumon. Plus la consommation de tabac est importante et ancienne, plus le risque est élevé.
D’autres facteurs de risque du cancer du poumon sont également avérés :
- Les expositions professionnelles (notamment l’amiante)
- La pollution de l’air
- Le tabagisme passif
- Le radon (un gaz radioactif incolore et inodore naturellement présent dans l’environnement)
- Le cannabis
- Les prédispositions génétiques
Quel est le traitement contre le cancer du poumon ?
Selon le type de cancer du poumon l’arsenal thérapeutique peut comporter la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie classique dite « cytotoxique », l’immunothérapie ou encore les thérapies ciblées, pouvant être utilisées seules ou en association.
Les chercheurs de l’Institut Pasteur de Lille, dont l’équipe du Dr David Tulasne, luttent au quotidien afin de comprendre et de concevoir des traitements innovants contre le cancer du poumon. Il est désormais possible de détecter des anomalies présentes au niveau des cellules cancéreuses et de mettre au point des traitements les ciblant précisément. Appelés thérapies ciblées, ces médicaments ne détruisent que les cellules malades et épargnent au maximum les cellules saines, contrairement à la chimiothérapie classique.
La recherche sur le cancer du poumon à l’Institut Pasteur de Lille
Le cancer du poumon est un fléau ayant un fort impact sur la longévité, c’est donc naturellement que l’Institut Pasteur de Lille, centre de référence sur la longévité, s’est emparé de la question.
“Cela nous donne une responsabilité supplémentaire. Nous devons garantir un effort de recherche” explique le Pr Alexis Cortot, chef du service de Pneumologie et Oncologie Thoracique au CHU de Lille, et collaborateur de l’équipe « Efficacité et résistances aux thérapies ciblées anti-tumorales » du Dr David Tulasne à l’Institut Pasteur de Lille.
Cette équipe travaille principalement sur les récepteurs à activité tyrosine kinase. En effet, ces récepteurs souvent impliqués dans les cancers sont visés par de nombreuses thérapies ciblées. L’équipe travaille notamment sur le récepteur MET et tente de constituer une cartographie de ces mutations dans les cancers et d’en comprendre les conséquences pour mettre au point de futurs traitements ciblés. “Comprendre l’ensemble de leurs mécanismes nous permet d’émettre de nouvelles hypothèses et d’anticiper, ou tout du moins, d’avoir une plus grande réactivité” explique le chercheur.
Améliorer l’efficacité des thérapies ciblées et anticiper les résistances
Sous thérapie ciblée, certaines résistances peuvent se mettre en place : on parle alors d’échec thérapeutique. L’équipe modélise les résistances aux thérapies ciblées afin de mieux les comprendre et les anticiper. Il s’agit, d’une part, de découvrir des mécanismes de résistance encore inconnus et d’autre part, de “connaitre l’ensemble des possibilités de résistance pour mettre au point des combinaisons de traitements. La tumeur s’adapte, la recherche aussi. C’est à nous de gagner la course” poursuit le Dr David Tulasne.
Diagnostiquer les mutations
Les essais cliniques sur les thérapies ciblant le récepteur MET sont encourageants et font naître un espoir thérapeutique fort. En effet, ces thérapies ciblées apportent une qualité de vie nettement meilleure pour les patients souffrant de ces cancers. L’espérance de vie est prolongée et les traitements, moins invasifs, sont mieux supportés.
“La recherche translationnelle apporte un dialogue et des interactions fortes entre chercheurs et cliniciens et cela est une vraie plus-value. Ceci facilite les recherches, c’est la clé.” explique le Pr Alexis Cortot.
Les thérapies ciblées, tout comme l’immunothérapie, représentent un véritable espoir pour transformer radicalement le traitement du cancer du poumon et mettre au point une nouvelle génération de traitement ciblé, personnalisé en fonction de chaque tumeur et surtout de chaque patient. Cette médecine de précision ne pourrait voir le jour sans la recherche fondamentale et sans le soutien des donateurs afin de proposer des stratégies thérapeutiques efficaces pour moins d’effets secondaires mais aussi mieux identifier les patients qui pourraient en bénéficier. Lutter contre ce cancer et ses spécificités, c’est tout faire pour permettre à chacun de vivre mieux plus longtemps.
Une étude récente de l’équipe illustre ce propos, puisque grâce à une collaboration avec le « Barts Cancer Institute » à Londres, le service de Pneumologie et le Centre de Biologie Pathologie du CHU de Lille, nous avons montré qu’une forme mutée du récepteur MET, responsable de cas de cancer du poumon non à petites cellules, requiert toujours une activation par son ligand l’HGF. Cette étude bouscule le paradigme postulant qu’une forme mutée d’un récepteur agit indépendamment de son ligand et suggère que l’expression tumorale de l’HGF puisse être un biomarqueur à prendre en considération pour stratifier les patients pouvant bénéficier de thérapies ciblées contre MET.
Les autres formes de recherche sur le cancer
Comprendre l'angiogenèse
L’équipe du docteur Fabrice Soncin travaille sur l’angiogenèse, c’est à dire le processus de croissance de nouveaux vaisseaux sanguins à partir de vaisseaux existants. Lorsqu’une tumeur se développe et atteint une certaine taille, elle ne peut plus se nourrir, elle produit alors un dialogue avec les vaisseaux adjacents. Les vaisseaux sont alors impliqués dans la croissance de tumeurs malignes et dans le développement des métastases. Les chercheurs de l’Institut Pasteur de Lille travaillent à supprimer la vascularisation tumorale, ce qui pourrait aboutir à l’élimination du cancer.
Comprendre comment une cellule devient cancéreuse
L’équipe du docteur Dominique Leprince mène des recherches sur le gène suppresseur de tumeur HIC1. Ce gène est impliqué dans la réponse aux dommages de l’ADN. Des cellules se transforment régulièrement suite à des attaques physiques ou chimiques qui vont casser l’ADN. La cellule peut alors réparer ces cassures, mais des erreurs peuvent être faites. Ces modifications peuvent alors créer des mutations qui peuvent avoir un rôle sur le développement d’une tumeur. Cette recherche fondamentale a pour but de mieux comprendre le mécanisme de fonctionnement de HIC1 et comment son extinction aboutit au développement d’une tumeur.
Comprendre le fonctionnement des métastases osseuses du cancer de la prostate
Le cancer de la prostate est un cancer bien diagnostiqué et soigné, avec une évolution relativement lente. Cependant, des métastases peuvent survenir par la suite, une ” survenue sournoise “, puisqu’aucun marqueur ne permet de la prévenir. Une fois les métastases présentes, le cancer est incurable, ce qui représente aujourd’hui 20% des cas. Lorsque l’on sait que ce sont les métastases qui sont responsables de la mortalité, il est essentiel d’améliorer leur diagnostic. L’équipe du docteur Duterque-Coquillaud travaille à détecter les métastases plus tôt, afin d’augmenter les chances de survie. Trouver une signature moléculaire, sorte de carte d’identité des métastases, va permettre de mettre au point un marqueur peu invasif rendant possible un diagnostic précoce par une simple analyse de sang ou d’urine.
Comprendre le lien entre sénescence et cellules cancéreuses
L’équipe du professeur Abbadie, au sein de l’Institut Pasteur de Lille, cherche à savoir s’il existe un lien entre les mécanismes initiaux de cancer et la sénescence cellulaire qui correspond au vieillissement naturel des cellules dans les tissus de l’organisme, au cours duquel les cellules ne se divisent plus. L’équipe cherche à comprendre la manière dont les cellules entrent en sénescence, un état dans lequel les cellules ne prolifèrent plus, ce qui pourrait prévenir l’apparition des cancers, mais qui en parallèle est associé à des dommages à l’ADN, qui pourraient au contraire générer des mutations et être propices à l’apparition de cancers.
Comprendre les effets des molécules anticancéreuses
Immune InsighT, biotech spécialisée dans l’immuno-régulation en cancérologie a vu le jour, sur le campus de l’Institut Pasteur de Lille, en 2016. Portée par les docteurs Nadira Delhem et Olivier Moralès et dirigée par Hamza Aboussemdai, Immune InsighT propose des prestations uniques à l’échelle internationale. Beaucoup de nouveaux candidats-médicaments sont arrêtés en phase clinique, car ils ont des effets délétères sur le système immunitaire. L’équipe soutenue par l’Institut Pasteur de Lille propose alors des tests mettant en évidence les potentiels effets qu’auraient ces molécules anticancéreuses en bien ou en mal. Cette technique permet de prévenir de façon fiable et rapide les effets indésirables d’un nouveau candidat-médicament et ainsi d’anticiper l’échec d’un essai clinique long et coûteux.
Une innovation face à la récidive du cancer du poumon
Les travaux menés dans l’équipe du Dr Tulasne trouvent leur prolongement naturel au sein du service de Pneumologie et Oncologie thoracique du CHU de Lille du Pr Cortot. Plusieurs études menées dans ce service sont alimentées par les résultats de la recherche fondamentale.
Ainsi, après avoir participé à de nombreuses études évaluant des inhibiteurs de tyrosine kinase dirigés contre le récepteur MET, et qui ont permis de démontrer l’efficacité de ces traitements, le service accueille maintenant des études évaluant une nouvelle classe thérapeutique en plein essor : les anticorps conjugués.
Il s’agit d’anticorps reconnaissant une protéine présente à la surface des cellules cancéreuses, couplés à un agent cytotoxique. Cette approche permet ainsi de délivrer la chimiothérapie au cœur de la tumeur et d’épargner en partie les tissus sains. « Il s’agit d’une approche très prometteuse car elle peut exploiter de multiples cibles présentes sur les cellules cancéreuses » estime le Pr Cortot. Les études menées au CHU de Lille consistent d’une part à déterminer quels sont les bons biomarqueurs à utiliser, et d’autre part à valider l’efficacité de ces nouveaux traitements. Ces travaux illustrent une fois de plus l’intérêt de la collaboration entre chercheurs et cliniciens.