Cancers

 

Avec plus de 9,6 millions de décès recensés chaque année dans le monde, les cancers constituent la première cause de mortalité. En région Hauts-de-France, la surmortalité régionale est de l’ordre de 25%, tous cancers confondus, avec une mortalité prématurée supérieure de 36% à la moyenne nationale.

L’Organisation Mondiale de la Santé estime que, d’ici 2030, le nombre de décès par cancer dans le monde devrait avoisiner les 12 millions par an. La recherche sur le cancer est au cœur de la mobilisation de l’Institut Pasteur de Lille.

Cancers

La recherche sur le cancer au cœur de la mobilisation de l’Institut Pasteur de Lille

La recherche scientifique en cancérologie sur le campus de l’Institut Pasteur de Lille est effectuée au sein de l’Unité Mixte de Recherche CANTHER – Hétérogénéité, Plasticité et Résistance aux Thérapies des Cancers (CNRS 9020 – Inserm 1277 – Université de Lille – Institut Pasteur de Lille – CHU de Lille). Cette unité a pour objectif principal de caractériser de nouvelles cibles antitumorales et de mieux comprendre les mécanismes de résistance aux traitements. Elle s’intéresse également à la dormance tumorale, un phénomène à l’origine des rechutes suite aux traitements. L’unité mène à la fois des études cliniques et des études fondamentales.

Depuis la découverte des premiers gènes du cancer, les oncogènes, à Lille, les chercheurs tentent d’identifier les mécanismes moléculaires par lesquels une cellule normale devient tumorale et finalement métastatique.

Cette compréhension des mécanismes est essentielle pour identifier de nouvelles cibles thérapeutiques et de nouveaux marqueurs de résistance, et de proposer aux patients des thérapies adaptées et mieux ciblées. Les travaux de recherche sont réalisés en collaboration étroite avec les cliniciens du CHU de Lille et du Centre anti-cancéreux (Centre Oscar Lambret) « Cette interaction entre chercheurs et cliniciens est une vraie plus-value» explique le Pr Alexis Cortot, pneumo-oncologue au CHU de Lille. « Les chercheurs tentent d’avoir une approche globale mêlant les données cliniques et les données expérimentales ». Ainsi, l’équipe de David Tulasne a récemment découvert un nouveau mécanisme de résistance aux traitements chez les patients atteints d’un cancer du poumon. Les travaux de l’équipe ont montré que le récepteur à activité tyrosine kinase MET pouvait représenter une cible très intéressante. Cependant, des résistances aux traitements peuvent apparaitre. L’étude de patients traités à Lille a récemment permis aux chercheurs d’identifier un mécanisme responsable de cette résistance, ouvrant ainsi la possibilité de stratégies de co-traitement. L’équipe travaille aussi sur les mutations « non-sens », un phénomène qui conduit à un arrêt prématuré de la synthèse de la protéine correspondante et à l’apparition de symptômes cliniques. Le Dr Fabrice Lejeune a récemment découvert une molécule capable de s’affranchir des mutations non-sens et de restaurer la fonction du gène muté, ouvrant ainsi des pistes thérapeutiques intéressantes. « Cette molécule a été isolée à partir d’un champignon » nous explique le chercheur. « L’idée serait de développer des traitements à base du principe actif identifié». L’équipe de Corinne Abbadie s’intéresse quant à elle à la sénescence cellulaire et à la fibrose. L’idée explorée par l’équipe est que ces mécanismes qui se développent avec l’âge favoriseraient l’apparition et le développement des cancers. Des résultats récents appuient cette hypothèse, notamment dans le cas de pathologies hépatiques pouvant évoluer vers des cancers. L’équipe a aussi montré, en collaboration avec des cliniciens du Centre Oscar Lambret, que la sénescence cellulaire peut survenir de façon prématurée lors d’une radiothérapie et contribuer aux effets secondaires de celle-ci. « L’objectif est donc maintenant de tester des molécules à activité sénolytique capables d’éliminer les cellules sénescentes radio-induites, afin de déterminer si, associées à la radiothérapie, elles permettraient d’en diminuer les effets secondaires» nous confie la chercheuse.

Les équipes de recherche

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L’équipe Target dirigée par le Dr David Tulasne s’est impliquée dans la lutte contre la COVID-19 en obtenant un financement Flash COVID par l’ARC (porteur Dr Martine Duterque-Coquillaud). Le projet a pour objectif d’évaluer l’influence des androgènes sur l’infection virale. « On sait que l’expression de certains récepteurs du virus peut être dépendante des androgènes dans certains organes comme la prostate » nous explique la chercheuse. Ce projet est réalisé en collaboration avec l’équipe du Dr François Trottein au Centre d’Infection et d’Immunité de Lille (campus IPL) et le CHU de Lille. « Il pourrait permettre d’expliquer les formes graves de la COVID-19 » termine le Martine Duterque-Coquillaud.

Facteurs de risque

On distingue les facteurs de risque en deux groupes : les facteurs évitables et les facteurs non évitables. Les premiers sont des éléments relatifs à notre comportement ou nos habitudes de vie : le tabac, l’équilibre alimentaire, le soleil, les infections par certains virus ou certaines bactéries… Autant de facteurs contre lesquels il est possible de se prémunir. Les facteurs non évitables sont quant à eux liés à notre âge, notre sexe, notre patrimoine génétique…

Le tabagisme est la première cause de cancers en France et dans le monde. Il est responsable de 25 % des décès par cancer. Il multiplie le risque de développer des cancers du poumon, des voies aérodigestives supérieures (larynx, bouche, pharynx), de l’œsophage, du pancréas, du nez, du foie, du col de l’utérus…. Les risques augmentent avec la durée et le nombre de cigarettes quotidiennes, et les risques sont accrus par l’association de l’alcool et du tabac.

L’alcool est responsable d’environ 7% des décès par cancer, principalement les cancers des voies aérodigestives, colorectaux, du foie, du sein et de l’œsophage.

Le régime alimentaire et l’environnement : on considère que l’alimentation peut jouer un rôle dans l’apparition de certains cancers. Il existe près de 400 substances retrouvées dans l’environnement et parfois dans l’alimentation qui sont considérées comme cancérigènes. Certaines ont été mises en cause dans les cancers du sein, du poumon, de la thyroïde, du testicule, les hémopathies malignes, le mésothéliome, les tumeurs cérébrales et certains cancers de l’enfant.

Les causes infectieuses : on estime que 30 % des cancers sont d’origine infectieuse. Certains virus sont associés à des cancers : cancer du foie et virus des hépatites B et C, virus Epstein Barr et lymphomes de Burkitt et carcinome du nasopharynx ; papillomavirus et cancer de l’utérus… De même certaines bactéries comme Helicobacter pylori, responsable de gastrites chroniques et d’ulcères du duodénum, sont à l’origine de nombreux cancers de l’estomac.

L’exposition prolongée au soleil est la principale raison du développement des cancers de la peau. Selon l’OMS, 19 % de tous les cancers peuvent être attribués à l’environnement, y compris au milieu professionnel, et sont à l’origine de 1,3 million de décès chaque année. On peut également citer l’amiante et les mésothéliomes qui ont une incidence sur notre santé.

Pour finir, les facteurs héréditaires ont également une part : environ 5-10 % des cancers sont d’origine génétique. On peut citer les cancers du sein familiaux (par mutations des gènes BRCA1 et 2), le rétinoblastome survenant chez les nourrissons, certains cancers de la prostate et du côlon.

Prévention

L’Institut national du cancer estime que l’on peut prévenir 40% des cas de cancers grâce à des changements de comportement et de modes de vie. L’ensemble des conseils de prévention des cancers sont également une action pour réduire le risque d’autres maladies chroniques (affections cardiovasculaires, diabète…).

En premier lieu, la suppression de l’exposition à l’agent cancérigène diminue fortement les risques de cancer, par exemple :

Ne pas fumer ou arrêter de fumer

Le tabac arrive en tête de tous les facteurs de risque de cancers et constitue la première cause de mortalité évitable. L’arrêt du tabac est l’action la plus efficace pour réduire son risque de cancer. Plus on s’arrête tôt, plus vite l’on diminue son risque de cancer, en particulier du poumon. Par exemple, le risque de cancer du poumon est réduit de moitié après 5 ans d’arrêt et il devient équivalent à celui du non-fumeur après 15 ans d’arrêt. En revanche, une consommation même faible qui perdure dans le temps représente un réel danger.

Réduire sa consommation d’alcool

L’alcool est classé cancérigène certain (niveau 1) par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). En consommer trop ou régulièrement augmente fortement le risque de développer certains cancers. Pour réduire efficacement ce risque, il est recommandé de limiter non seulement la quantité d’alcool bue à chaque occasion de consommation mais aussi la fréquence de ces occasions.

Manger mieux et bouger plus

Une alimentation équilibrée et une activité physique régulière permettent de diminuer le risque de développer de nombreuses maladies chroniques, notamment les cancers. Toute activité physique (monter des escaliers, marcher, faire du vélo, nager…) durant au moins 30 minutes par jour permet de se maintenir en forme et de diminuer le risque de plusieurs cancers. La pratique quotidienne d’une activité physique est aussi un moyen de limiter la prise de poids, autre facteur de risque de cancer.

Se protéger des rayons UV

Pour toute activité en extérieur (de loisirs, sportive ou professionnelle), il convient d’adopter les bons réflexes. Notamment d’appliquer de la crème solaire sur les parties découvertes du corps et d’éviter de s’exposer au soleil surtout de 11h à 14h.

Penser aux dépistages

Un dépistage régulier des cancers les plus courants (sein, col de l’utérus, cancers colorectaux, peau…) est également vivement conseillé pour détecter très précocement et traiter plus efficacement les cancers. La vaccination contre les papillomavirus humains (HPV), à l’origine de 70 % des cancers du col utérin, représente désormais un moyen efficace de prévention contre ce cancer.

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