Le mois de novembre est le mois de sensibilisation aux cancers masculins : cancer de la prostate, cancer des testicules… A l’instar d’Octobre rose pour le cancer du sein, c’est au tour des hommes d’avoir leur campagne de sensibilisation sur la santé masculine avec notamment le mouvement Movember. Souvent encore trop tabous, les cancers masculins peuvent être guéris sans prélever les organes malades s’ils sont diagnostiqués tôt. De plus, les comportements de prévention sont mieux connus et, même si aucun d’entre eux ne peut garantir à lui seul de lutter contre le cancer, leur association a un effet protecteur certain.

CANCER DE LA PROSTATE, 1er cancer chez les hommes

Epidémiologie

Le cancer de la prostate représente 25 % des cancers masculins. (50 400 cas par an), nettement devant le cancer du côlon-rectum (23 000 cas par an)  et le cancer du poumon (31 200 cas par an). L’âge médian de diagnostic est de 68 ans avec une survie nette à 5 ans de 93%. 80 % des cancers sont diagnostiqués à un stade précoce, or le facteur pronostique majeur de ce cancer est le stade au diagnostic

Source : Panorama des cancers en France – Édition 2021 – l’Institut national du cancer (INCa)

Existe-t-il un dépistage organisé ?

La justification d’un dépistage repose sur l’idée qu’un diagnostic précoce va permettre d’améliorer le pronostic de la maladie.
Or il n’y a pas de preuve à ce jour que le dépistage positif (découverte d’une lésion cancéreuse) du cancer de la prostate, en dehors de signe d’appel, diminue la mortalité  et qu’il soit supérieur aux conséquences physiques et psychiques d’une prise en charge thérapeutiques ( radiothérapie , chirurgie ).

Le cancer de la prostate est un cancer dit d’évolution le plus souvent lente. De ce fait le dépistage fait l’objet de débats au sein de la communauté médicale et scientifique internationale. A ce jour aucun programme de dépistage organisé du cancer de la prostate n’existe en France.

Il est établi qu’aucun homme ne doit s’engager dans une démarche de dépistage sans avoir été tenu informé, au préalable, de l’ensemble des bénéfices, des limites du dosage du PSA et des risques éventuels du traitement du cancer de la prostate . On parle alors de consentement éclairé.

Les principaux facteurs de risque de développer un cancer de la prostate sont :

  • Age
  • Antécédents médicaux familiaux
  • Prédispositions génétiques populationnelles

Toutefois, la Haute Autorité de santé (HAS) rappelle qu’il n’existe pas de preuve de l’intérêt du dépistage du cancer de la prostate par dosage du PSA (Prostate Specific Antigen) chez les hommes sans symptômes quelque soit leurs niveaux de risque

.

Le déépistage individualisé

En cas de symptômes cliniques obstructifs (difficulté mictionnelle, résidu mictionnel),  irritatifs (pollakiurie, impériosités) , hématurie , hémospermie ) ou douleurs , des examens peuvent être réalisés . Aucun signe clinique n’est spécifique d’un cancer.

Ces examens peuvent être réalisés si la personne le souhaite malgré une information éclairée sur les avantages et inconvénients de ce dépistage.

L’antigène spécifique de prostate ou PSA est une protéine produite de façon naturelle quasi exclusivement par les cellules épithéliales de la glande prostatique. Le PSA est normalement présent dans le sérum des hommes à une faible concentration.

Le dosage du PSA sérique total peut être proposé aux hommes de manière individuelle sur la base de facteurs de risque personnels. Un valeur élevée n’est pas spécifique du cancer de la prostate mais peut-être le signe d’une infection, d’une hypertrophie prostatique, d’une prostatite, d’un effort physique intense….

Le dosage du PSA est souvent couplé au toucher rectal. Il permet au médecin de vérifier le volume, la consistance et la texture de la surface de la prostate.

En cas de PSA élevé et/ou d’anomalie au de toucher rectal, des examens complémentaires (comme l’IRM prostatique) et des biopsies peuvent être faites.

Les modalités d’utilisation du dosage du PSA et du toucher rectal en tant que tests de dépistage ne font pas consensus et la conduite à tenir par le médecin en cas de dosage considéré comme anormal n’est pas standard.

En conclusion : Il n’existe pas de dépistage organisé du cancer de la prostate. La réalisation d’examens complémentaires chez des hommes asymptomatique nécessite une information  éclairée sur les bénéfices et risques.

Des recherches sur la détection précoce des métastases

L’évolution du cancer de la prostate est souvent lente et discrète, puisque les cellules cancéreuses peuvent rester inactives pendant plusieurs années ne provoquant pas ou peu de symptômes. Cependant, lorsque les cellules commencent à proliférer, les premiers symptômes du cancer de la prostate apparaissent. Il faut alors déterminer si l’évolution est rapide, et surveiller ou appliquer les traitements adéquats en fonction du stade de la maladie. Dans ce but, une équipe entière de chercheurs, à l’Institut Pasteur de Lille, se mobilise afin de lutter contre cette maladie qui empêche de vieillir sereinement. 

En effet, l’équipe de recherche du Dr Martine Duterque soutenue par l’Institut Pasteur de Lille  s’attache à détecter les métastases responsables du décès du malade. Il y a quelques années, la communauté scientifique internationale découvrait un gène modifié dans plus de 50% des cancers de la prostate. Plus récemment, l’équipe du Docteur Martine Duterque a montré que ces réarrangements chromosomiques, impliquant le gène ERG, contribuaient à la formation des métastases osseuses.

Cela a permis au Docteur Martine Duterque et son équipe (Institut de Biologie de Lille, CNRS, Université de Lille, Institut Pasteur de Lille), à l’Institut Pasteur de Lille, d’entamer des recherches sur la détection précoce des métastases. Leur but est de découvrir la signature moléculaire, autrement dit la carte d’identité, de la tumeur. Une fois celle-ci déterminée, il serait possible par un simple examen sanguin ou d’urine de détecter le risque de métastases chez les patients. Cette découverte sera capitale car elle ouvrira la voie à un meilleur suivi de la maladie puis à un traitement.

Sources de l’article :

  • Institut national du cancer. Mise à jour 2022
  • Panorama des cancers en France – Édition 2021
  • HAS- Dépistage du cancer de la prostate chez les populations d’hommes présentant des facteurs de risque. 2013
  • Assurance Maladie dépistage du cancer de la prostate- 2021

CANCER DES TESTICULES, un cancer qui touche les adultes jeunes

Les cancers du testicule représentent 1 à 2 % des cancers de l’homme.
Les jeunes adultes sont les plus touchés. Il s’agit d’ailleurs du cancer le plus fréquent
de l’adulte jeune (15 – 35 ans).  Environ 2 700 nouveaux cas de cancer du testicule sont enregistrés en France chaque année. Il s’agit d’une forme de cancer relativement rare mais de bon pronostic.

Les principaux facteurs, susceptibles d’augmenter le risque de cancer du testicule, sont l’existence d’un antécédent :

  • de cryptorchidie : Il est donc nécessaire de vérifier chez le bébé et le jeune enfant que les testicules sont en place. Dans le cas contraire une intervention chirurgicale est fréquemment réalisée. La cryptorchidie peut également provoquer une infertilité
  • d’une tumeur sur l’autre testicule.

Connaitre les signes d’alerte

Il est indispensable de consulter si  :

  • Palpation d’une masse sur le testicule ne régressant pas au cours du temps. Elle est dure au toucher et le plus souvent indolore.
  • Sensation de lourdeur dans les testicules, une gêne ou une douleur qui persistent dans le temps
  • Augmentation du volume testiculaire de manière soudaine.
  • Gynécomastie apparue récemment
  • Signes généraux : altération de l’état général, douleurs osseuses.

En cas de signe d’appel, des examens complémentaires sont réalisés afin de poser le diagnostic.

Lors le diagnostic de cancer testiculaire est confirmé ,il est généralement proposé au patient de faire un recueil de sperme dans un centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme humain (CECOS) avant le début des traitements afin de prévenir d’éventuelles conséquences des traitements sur la fertilité.

Le cancer du testicule est un cancer de bon pronostic, y compris en situation métastatique. La survie relative à 5 ans est de 98-99 % pour les
formes localisées et supérieur à 70 % pour les formes métastatiques. Il est donc très utile d’être vigilant aux signes d’appels.

Sources de l’article :

  • HAS- cancer du testicule. mai 2011
  • Institut national du cancer

Dr LAHOUSSE Sophie
Médecin, Centre Prévention Santé Longévité