La Bilharziose ou schistosomiase 

 

La bilharziose, aussi appelée Schistosomiase, est une maladie parasitaire provoquée par un ver plat du genre Schistosoma. La maladie est transmise par un mollusque d’eau douce (un escargot, hôte intermédiaire).

Cette maladie touche les populations des pays des zones tropicales et subtropicales, principalement en Afrique, au Moyen-Orient, en Amérique du Sud et dans l’est de l’Asie. De 200 à 500 millions de personnes sont régulièrement exposées à ce parasite.

Causes et transmission de la Bilharziose

Les larves infestantes du schistosome se multiplient dans des escargots d’eau douce avant d’être libérées dans l’eau. Lorsque les individus se baignent, marchent ou puisent de l’eau des lacs, marigots ou rivières, qui sont souvent la seule ressource en eau locale, les larves traversent la peau et atteignent les vaisseaux sanguins.

Après un cycle complexe chez leur hôte vertébré, les vers femelles pondent des œufs dont une grande partie se localisent dans les organes vitaux provoquant une réaction inflammatoire chronique sévère et, selon le type de schistosome en cause, une hypertension, une fibrose du foie et de la rate ou des lésions graves du système uro-génital qui peuvent dégénérer vers des complications telles que le cancer de la vessie.

Symptômes de la Bilharziose

Les symptômes de la Bilharziose sont :

  • Dermatite: petits points rouges, démangeaisons, urticaire (phase de contamination).
  • Fièvre aiguë de Katayama: fièvre élevée associée à une toux sèche, des douleurs musculaires et de la fatigue.
  • Douleurs abdominales, des diarrhées, la présence de sang dans les urines, et des mictions fréquentes (phase d’état chronique précoce)
  • Inflammation chronique du foie et des reins (phase d’état chronique tardive).

Diagnostic de la Bilharziose

Le diagnostic de la bilharziose se fait principalement par la détection des œufs du parasite dans les urines (forme urinaire) ou les selles (forme intestinale), à l’aide d’un examen microscopique (test de Kato-Katz).

D’autres méthodes incluent des tests sérologiques pour détecter les anticorps ou antigènes, ainsi que des techniques d’imagerie (échographie, endoscopie) pour évaluer les complications.

Des examens hématologiques peuvent aussi révéler une hyperéosinophilie (>15%).

Le choix de la méthode dépend de la forme clinique, de la phase de l’infection (précoce ou tardive) et du contexte épidémiologique.

    Traitement de la Bilharziose

    Le Praziquantel est actuellement le traitement de référence contre la bilharziose. Efficace en dose unique et bien toléré, il a largement amélioré la prise en charge depuis les années 1980. Cependant, son usage massif, y compris en médecine vétérinaire, a favorisé l’émergence de résistances, ce qui représente une menace croissante. La recherche de nouveaux traitements est en cours, mais reste complexe.

    Concernant les vaccins, l’essai Bilhvax n’a pas atteint ses objectifs en phase 3. Trois autres essais sont en cours, dont Sm-p80, le plus prometteur à ce jour. Le développement vaccinal reste difficile, notamment à cause de la capacité du parasite à échapper au système immunitaire.

    Prévention de la Bilharziose

    La prévention repose principalement sur l’évitement du contact avec l’eau douce potentiellement contaminée, notamment dans les zones où la maladie est présente. Il est recommandé de ne pas se baigner ou marcher pieds nus dans les rivières, lacs ou étangs exposés.

    Le traitement de masse des populations à risque avec du Praziquantel est réalisé annuellement dans les zones d’endémie pour limiter la prévalence de la maladie. A ce traitement, viennent nécessairement s’ajouter des améliorations de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement.

    Enfin, la lutte contre les escargots d’eau douce, qui sont les hôtes intermédiaires du parasite, contribue aussi à limiter la transmission (lutte anti-vectorielle).

    Les travaux de recherche à l’Institut Pasteur de Lille

    Une équipe à l’Institut Pasteur de Lille travaille sur cette maladie négligée, pourtant à l’origine de souffrances pour les populations locales et de nombreux décès. Le groupe de Jérôme Vicogne, au sein de l’équipe « MINT » (Miniproteins and Therapeutics) dirigée par d’Oleg Melnyk du Centre d’infection et d’Immunité de Lille (CIIL) explore les mécanismes de la relation hôte-parasite. Les chercheurs étudient comment le parasite est capable d’infecter spécifiquement un escargot et de s’y multiplier. Grâce à des approches combinées de chimie et de micro-ingénierie, cette équipe développe également des dispositifs microfluidiques (organes sur puce) pour étudier le développement et la reproduction du ver parasite chez l’humain afin d’identifier et de tester au plus près de la réalité biologique de nouvelles molécules anti-parasitaires.

    Contact chercheur

    jerome.vicogne@ibl.cnrs.fr

     

    Financements relatifs aux projets de recherche de l’équipe

    CPER Région HdF-IPL « CHIPSTOSOMA » (2018-2019)

     

    I-SITE Univ. Lille « SnowMan » (2018-2021)

     

    ANR générique CES19 « MicroWorms » (2021-2025)