Comment une infime quantité de produits chimiques peut-elle impacter notre santé sur des décennies ? Comment notre environnement, du sol à notre assiette, est-il devenu un facteur de risque pour les générations futures ? Et par la même occasion, comment la recherche et la prévention peuvent-elles nous aider à mieux nous protéger ?

Cette semaine, nous avons rendez-vous avec l’éco-infirmière Hélène Arickx, conseillère en santé environnementale à la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) de Lille-Douai. Elle est l’invitée de notre podcast « 10 minutes de preuve, les capsules des printemps de la preuve », pour nous parler d’un sujet de plus en plus préoccupant : les perturbateurs endocriniens. Avec un constat alarmant : 10 perturbateurs ont été détectés dans l’urine d’un enfant en bas âge en France, selon Santé publique France. Un rappel de l’urgence d’agir pour la santé humaine et collective.

Qu’est-ce qu’un perturbateur endocrinien ?

Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques d’origine naturelle ou synthétique, qui peuvent perturber le bon fonctionnement de notre système hormonal, également appelé système endocrinien. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) les définit comme des substances ou des mélanges de substances qui modifient les fonctions du système endocrinien, induisant ainsi des effets néfastes sur l’organisme ou sa progéniture. Ces substances agissent comme de faux messagers et peuvent interférer avec les hormones naturelles de notre corps, notamment les hormones sexuelles comme la testostérone. Même à faibles doses, ou plus précisément à des doses infimes, ils peuvent avoir des conséquences importantes sur la santé, car ce sont les faibles doses qui sont considérées comme particulièrement préoccupantes.

Leur présence dans notre vie quotidienne est un enjeu majeur en santé publique. Ils se retrouvent dans de nombreux produits de consommation courante : produits cosmétiques (parabènes, phtalates), produits d’hygiène (détergents, parfums), emballages alimentaires (bisphénol A), produits phytosanitaires (pesticides, insecticides), et même dans l’eau et l’air. Ces polluants peuvent avoir des effets sur la santé tels que des cancers hormono-dépendants, des troubles de la fertilité ou des retards de développement. Les plus connus sont les phtalates, les bisphénols (BPA), les pesticides, les dioxines, le chlordécone et le glyphosate, qui peuvent avoir des conséquences délétères sur les organismes vivants. Les critères d’identification et l’évaluation des risques de ces substances sont au cœur des préoccupations d’agences comme l’Anses et l’EFSA.

Des pistes thérapeutiques pour lutter contre les effets des perturbateurs endocriniens

La recherche actuelle s’intéresse à la mise au point de nouvelles stratégies pour contrer les effets de ces polluants chimiques. Un des enjeux est de comprendre comment ces substances interagissent avec les récepteurs cellulaires et le métabolisme pour provoquer des effets nocifs. Les scientifiques étudient des substitutions possibles aux molécules dangereuses et des solutions pour réduire la contamination de la chaîne alimentaire. L’Institut Pasteur de Lille, via ses recherches sur les virus émergents, contribue indirectement à cette problématique. En effet, la compréhension des mécanismes de ces perturbations endocriniennes peut éclairer les scientifiques sur les vulnérabilités de l’organisme face à d’autres agents pathogènes. Une approche systémique et de toxicologie est nécessaire pour appréhender les effets du cocktail de ces substances.

Une recherche pluridisciplinaire pour la santé de tous

Le sujet des perturbateurs endocriniens montre la nécessité d’une recherche pluridisciplinaire, qui va au-delà du seul domaine de la santé. Des chercheurs, biologistes, médecins, agriculteurs, et professionnels de la santé environnementale doivent travailler ensemble. C’est le principe de l’approche « une seule santé », qui met en lien la santé des Hommes, des animaux et des écosystèmes. Les données épidémiologiques et la sécurité sanitaire sont essentielles pour évaluer les risques sanitaires et élaborer une stratégie nationale.

La Fondation de l’Institut Pasteur de Lille, reconnue d’utilité publique, mène une recherche fondamentale sur de nombreux sujets, et notamment la toxicité des produits qui nous entourent. Nos chercheurs et chercheuses, comme ceux de l’Inserm, travaillent au quotidien pour mieux comprendre les mécanismes des maladies et proposer des solutions concrètes pour la santé de tous.

C’est pourquoi votre soutien est essentiel. Chaque don nous permet de poursuivre nos recherches sur les perturbations et autres menaces qui pèsent sur notre santé et sur celle des générations futures.