La santé mentale est-elle influencée par notre environnement ? Et si l’urbanisme et la pollution étaient des facteurs de risque ?
Pour découvrir les réponses à ces questions, l’Institut Pasteur de Lille vous invite à écouter son podcast et à rencontrer le professeur Baptiste Pignon, psychiatre et chercheur à l’INSERM, spécialiste des troubles psychiatriques et de leur lien avec les facteurs environnementaux.
L’exposome, une empreinte environnementale et psychosociale sur la santé mentale
La santé mentale ne se résume pas à l’absence de troubles mentaux ou de maladies mentales. Elle englobe un état de bien-être qui permet à chacun de se réaliser. Cependant, de nombreux facteurs peuvent altérer cet équilibre. Le professeur Baptiste Pignon explique que des recherches en psychiatrie et en épidémiologie ont mis en évidence un lien statistique entre le fait de naître, grandir ou vivre en ville (l’urbanicité) et le développement de certains troubles psychiatriques.
On parle d’exposome pour désigner l’ensemble des expositions, qu’elles soient physiques (pollution atmosphérique) ou psychosociales (traumatismes psychologiques infantiles, expériences d’adversité), que l’on subit depuis la naissance. Ces expositions cumulées peuvent avoir un impact significatif sur la santé mentale. C’est un concept initialement développé en cancérologie qui a été adapté à la psychiatrie pour mieux comprendre les maladies mentales chroniques.
Les études montrent que la prévalence des troubles du spectre de l’autisme et des troubles psychotiques tels que la schizophrénie est plus élevée chez les personnes qui ont grandi dans un environnement urbain. Ces troubles psychiques ne se manifestent pas à la naissance, mais plutôt au début de l’âge adulte, généralement entre 18 et 25 ans. Cette période est également propice à l’apparition d’autres affections, comme les troubles bipolaires.
Il est important de souligner que ces risques ne s’additionnent pas simplement, mais leurs effets cumulés sont bien réels. L’anxiété, la dépression et d’autres problèmes de santé mentale peuvent être multipliés par cette accumulation d’expositions.
Aménagement urbain et bien-être : des pistes thérapeutiques pour améliorer la santé mentale
Face à ces constats, on peut se demander s’il existe des solutions pour inverser la tendance. Le professeur Baptiste Pignon souligne l’importance des espaces verts. Plusieurs études ont démontré les bénéfices d’une proximité du domicile avec ces espaces pour la bonne santé mentale des citadins, notamment pour réduire le risque de dépression.
Les recherches sur le lien entre pollution atmosphérique et santé psychique sont encore à leurs débuts. Même si elles tendent à montrer un effet, il est difficile d’établir une conclusion définitive. Cependant, la promotion des mobilités douces (pistes cyclables) a un impact bénéfique direct sur la santé physique et la santé générale en encourageant l’activité physique.
L’activité physique, si elle n’est pas une garantie de prévention des troubles mentaux, est une piste thérapeutique reconnue. Elle est fortement recommandée pour les personnes atteintes de troubles psychiatriques, car elle permet d’améliorer les troubles du sommeil, de prévenir les rechutes et d’atténuer les troubles cognitifs. Ainsi, l’aménagement urbain peut devenir un véritable outil de santé publique, agissant sur la prévention et le bien-être général.
Soutenir la recherche pour une ville de demain qui soigne
Le professeur Pignon conclut en insistant sur l’importance de la recherche. Les progrès scientifiques pourraient permettre d’affiner notre compréhension de l’impact des expositions individuelles sur le risque de développer un trouble psychique. Des données plus précises pourraient alors influencer les politiques d’aménagement urbain, transformant nos villes en environnements qui favorisent la promotion de la santé mentale plutôt que de fragiliser les populations.
Pour en savoir plus sur l’impact de notre environnement sur notre santé, découvrez notre dossier sur les liens entre facteurs environnementaux et maladies.