Comment la pollution de l’air impacte-t-elle notre santé, et pourquoi la recherche sur ce sujet est-elle si cruciale ? Et si la qualité de l’air que nous respirons était directement liée à notre vulnérabilité face à des infections graves ?
Pour explorer ces questions, nous avons rencontré Luc Dauchet, maître de conférences en santé publique et épidémiologiste à l’Institut Pasteur de Lille, qui a mené l’étude Élisabeth sur les impacts de la pollution de l’air sur la santé de la population lilloise. Son travail éclaire un enjeu majeur : celui de notre exposition quotidienne à des facteurs environnementaux qui fragilisent nos défenses immunitaires. Mais la pollution n’est pas le seul danger. Un autre acteur discret mais potentiellement mortel est au cœur des préoccupations de santé publique : le pneumocoque.
Qu’est-ce que le pneumocoque et pourquoi est-il si dangereux ?
Le pneumocoque, ou Streptococcus pneumoniae, est une bactérie omniprésente. Elle est un germe commensal qui colonise les voies respiratoires supérieures chez de nombreux individus, sans les rendre malades. C’est ce qu’on appelle le portage. Cependant, chez les personnes les plus fragiles, comme les nourrissons, les jeunes enfants de moins de 5 ans, les personnes âgées, ou celles atteintes d’une maladie chronique ou d’un déficit immunitaire, ce pathogène peut se transformer en une menace sérieuse.
Il est la première cause des pneumonies communautaires et peut entraîner des infections invasives graves, telles que les méningites bactériennes et la septicémie. Ces maladies infectieuses aiguës peuvent avoir de lourdes conséquences, y compris des séquelles neurologiques permanentes ou même la mort. En effet, la mortalité liée à ce microbe reste élevée à l’échelle mondiale, en particulier chez les jeunes enfants. La vaccination est donc un outil indispensable pour se protéger.
L’importance de la recherche pour lutter contre le pneumocoque et les virus émergents
La recherche à l’Institut Pasteur de Lille, notamment au Centre d’Infection et d’Immunité de Lille, s’attache à mieux comprendre le pneumocoque et à développer de nouvelles stratégies pour le combattre. Les travaux de la Dr Laurye Van Maele, chercheuse à l’Inserm, explorent notamment les mécanismes qui régissent les interactions entre les bactéries et le système immunitaire.
Ces recherches sont d’autant plus essentielles que des facteurs environnementaux, comme la pollution de l’air, fragilisent nos défenses immunitaires et augmentent le risque d’infection. De plus, les infections à pneumocoques sont souvent précédées d’une infection virale telle que la grippe saisonnière. Cette « co-infection » rend les patients plus vulnérables à une pneumonie bactérienne sévère. C’est pourquoi la vaccination contre la grippe est aussi recommandée.
Comprendre la manière dont notre organisme réagit aux infections respiratoires bactériennes permet non seulement de développer de meilleurs vaccins, mais aussi de se préparer à d’autres menaces, y compris de futurs virus émergents.
Pistes thérapeutiques : vers de nouveaux vaccins et traitements
Face à la menace des infections à pneumocoques, la recherche explore plusieurs pistes thérapeutiques.
- Le développement d’un vaccin universel : Les vaccins actuels protègent contre un nombre limité de souches de pneumocoques (une vingtaine de sérotypes sur plus de 100). En collaboration avec l’Université de Lausanne, l’équipe de Jean-Claude Sirard et Laurye Van Maele a mis au point un vaccin nasal qui cible un antigène conservé chez le pneumocoque. Ce vaccin conjugué a démontré son efficacité pour conférer une protection vaccinale contre de nombreuses souches, même celles non couvertes par les vaccins actuels. Il repose sur la stimulation de lymphocytes Th17 dans la muqueuse respiratoire, une approche qui ne dépend pas de la production d’anticorps classiques. L’objectif est de créer un vaccin universel pour protéger efficacement les populations les plus vulnérables.
- L’immunostimulation : Pour les infections déjà déclarées, l’équipe travaille sur des immunostimulateurs qui aident le corps à se défendre. Le produit expérimental Flamod, basé sur la molécule flagelline, est un exemple. Administré par inhalation, il stimule localement le système immunitaire dans les poumons pour mieux lutter contre l’infection, notamment celle causée par le pneumocoque. Ces traitements sont essentiels dans un contexte de montée de la résistance aux antibiotiques.
- Les boosters d’antibiotiques : En parallèle, d’autres équipes, comme celle du Dr Ruben Hartkoorn, travaillent sur des boosters pour réactiver des antibiotiques existants dont l’efficacité a été diminuée. Le développement de nouvelles classes d’antibiotiques étant long et complexe, ces approches sont urgentes pour préserver l’antibiothérapie.
Soutenir la recherche pour notre santé
L’histoire du pneumocoque, de la pollution de l’air aux nouvelles pistes thérapeutiques, illustre l’importance capitale de la recherche scientifique. En soutenant l’Institut Pasteur de Lille, vous contribuez directement à faire avancer ces travaux qui visent à mieux comprendre et à mieux protéger la santé publique. Les découvertes réalisées ici, que ce soit pour le développement de nouveaux vaccins ou pour l’exploration de l’impact de notre environnement sur notre santé, ont un impact concret et durable sur la vie de chacun.