Les 24 et 25 juin, l’Institut Pasteur de Lille a accueilli une rencontre stratégique du Pasteur Network, consacrée à un enjeu de santé publique majeur : la surveillance des eaux usées. Durant deux jours, plus de cinquante experts venus des cinq continents ont échangé dans les murs de l’Institut sur les défis, les méthodes et les perspectives d’un outil devenu central dans la détection précoce et la gestion des épidémies.
Cette rencontre a également rassemblé des membres du Pasteur Network ainsi que des partenaires internationaux tels que la Gates Foundation, Wellcome Connecting Science, HERA, l’AFD et la Fondation Mérieux.

Le Pasteur Network, c’est quoi ?
Né en 2011, le Pasteur Network est une alliance de 32 instituts répartis dans 25 pays. Chaque membre conduit des recherches et des actions de santé publique dans son territoire, tout en partageant ses données et ses bonnes pratiques avec le reste du réseau ; l’ensemble constitue une véritable “vigie” mondiale soutenue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Une expertise partagée pour renforcer les systèmes de veille
Les échanges ont mis en lumière les multiples usages de la surveillance des eaux usées : détection précoce de signaux faibles, suivi ciblé de pathogènes en contexte épidémique, ou encore surveillance élargie à des agents non viraux (parasites, bactéries, résistance aux antimicrobiens). L’ensemble s’inscrit dans une approche intégrée de la santé publique, conforme aux principes One Health.
L’Institut Pasteur de Lille, en accueillant cette réflexion collective, se positionne comme un lieu où se croisent expertise scientifique, coopération internationale, prévention et innovation en santé publique.
Une vigilance partagée, des solutions adaptées
La réunion a aussi permis de pointer les disparités d’accès à ces outils entre régions du monde. Les discussions ont souligné l’importance de renforcer les capacités locales, de mutualiser les savoir-faire et d’adapter les stratégies aux contextes régionaux. Une enquête panafricaine inédite a d’ailleurs été présentée, apportant une vision fine des besoins spécifiques du continent.
Tout au long de ces deux jours, des conférences et ateliers ont permis d’explorer les conditions de pérennité des projets, d’innovation technique et de mobilisation des financements, en lien direct avec les réalités de terrain.

Quatre priorités pour l’avenir
Plusieurs recommandations clés ont émergé des échanges :
- Le renforcement des compétences et infrastructures locales ;
- Le développement de collaborations intersectorielles et internationales ;
- L’adaptation des stratégies aux réalités régionales ;
- Une mobilisation durable des financements, à l’échelle nationale et internationale.
« Cette réunion a réaffirmé l’importance de la surveillance des eaux usées, non seulement comme outil scientifique, mais aussi comme levier d’équité, de préparation et de renforcement des systèmes de santé publique — en particulier lorsqu’elle est adaptée aux réalités locales et soutenue par une collaboration à long terme», a déclaré Rebecca Grais, directrice exécutive du Pasteur Network.
À l’issue de ces deux journées d’échanges, les participants repartent avec une ambition partagée : faire de la surveillance des eaux usées un pilier de la prévention sanitaire, capable de s’adapter aux enjeux actuels comme aux crises à venir.