À la croisée de la recherche appliquée et de la prévention, l’Unité de Sécurité Microbiologique (USM) de l’Institut Pasteur de Lille étudie le comportement des virus et bactéries pathogènes dans différents milieux – air, eau, surfaces, textiles… Objectif : évaluer les risques de transmission dans nos environnements quotidiens et accompagner les acteurs publics et privés dans la mise en place de solutions concrètes. De la crise du Covid-19 à la formation des sapeurs-pompiers, retour sur une expertise mobilisée au service de la santé publique. Le Dr Michèle Vialette, responsable de l’unité, répond à nos questions.

Votre unité se situe à la croisée de la recherche et des applications concrètes pour évaluer les risques microbiologiques dans nos environnements. Pourquoi est-il aujourd’hui crucial de mieux comprendre la présence des micro-organismes dans notre environnement quotidien ?
De manière générale, l’Unité de Sécurité Microbiologique (USM) étudie le comportement des micro-organismes pathogènes dans l’environnement. Les études scientifiques portent sur l’évaluation du comportement des bactéries ou des virus qui sont pathogènes pour l’homme dans différents milieux environnementaux (air, aliment, eau, surface, textile…). Les études menées dans l’unité sont proches des réalités industrielles et des applications concrètes de la recherche. Partout où le risque microbiologique existe, l’USM apporte son expertise en microbiologie environnementale pour permettre aux industriels de développer de nouveaux produits, procédés ou technologies.
Nous intervenons dans tous les secteurs concernés par la maitrise de la contamination microbienne, tels que :
- le milieu hospitalier,
- le domaine de l’eau,
- la cosmétique, la qualité de l’air…
Que sait-on aujourd’hui de la manière dont les virus ou les bactéries se comportent dans l’air ou sur certaines surfaces, et dans quels environnements faut-il redoubler de vigilance ?
On sait aujourd’hui que la survie des micro-organismes sur les surfaces varie de quelques heures à plusieurs mois, en fonction des caractéristiques propres à chaque microorganisme et des conditions environnementales, par exemple de la température, du type de surface…
En conséquence, la possibilité de la transmission d’infections par un environnement contaminé, en particulier l’air ou des surfaces inertes, impose la mise en place de mesures ciblées de maîtrise de cette contamination

Votre laboratoire a été mobilisé pendant la crise Covid-19 pour évaluer l’efficacité des dispositifs de prévention. Quels enseignements conservez-vous de cette période, notamment pour mieux anticiper les prochaines menaces ?
Lorsque la pandémie de Covid-19 est arrivée, le risque lié à la diffusion des virus respiratoires dans l’air a été une préoccupation et beaucoup d’industriels se sont rapprochés de nous. En effet, nous avions été identifiés comme laboratoire qui pouvait intervenir pour évaluer l’efficacité des produits ou des technologies pour limiter la propagation des virus.
Cette crise et la collaboration avec les industriels nous a permis d’acquérir de nouvelles structures, de développer toujours plus notre savoir-faire sur la conduite des tests aérosols et la maîtrise de l’ensemble des contraintes et difficultés liées au micro-organisme et à la conduite de ce type de test, et de travailler sur un large panel de virus respiratoires ou autres.
Vous formez également les agents du SDIS59 sur les risques microbiologiques. En quoi cette transmission de votre expertise contribue-t-elle à une meilleure sensibilisation du grand public et à l’adoption de bons réflexes face aux infections ?
J’ai rejoint le SDIS59, il y a un peu plus d’un an, en tant que sapeur-pompier volontaire expert en microbiologie. Cette collaboration avec le SDIS a pour objectif d’apporter un soutien technique et scientifique sur le terrain, notamment dans le cadre de la gestion des risques microbiologiques, la sécurité sanitaire ; et de contribuer à la prise de décision rapide en situation d’urgence.
J’assure également des formations des sapeurs-pompiers en microbiologie. Je peux intervenir dans la mise en place de protocoles de décontamination adaptés, le type d’EPI (équipement de protection individuelle) requis pour protéger les sapeur-pompiers face au risque microbiologique, et minimiser les risques de contamination croisée entre intervenants, victimes et environnement.
Dr Michèle Vialette
Chef de service de l’Unité de Sécurité Microbiologique