La maladie de Lyme, aussi, appelée borréliose de Lyme, est une infection bactérienne transmise par les tiques. Elle suscite de plus en plus d’attention, notamment dans les zones boisées d’Europe, en zones péri-urbaines et dans les parcs en ville, en raison de l’augmentation du nombre de cas. Si elle est généralement bénigne lorsqu’elle est prise en charge rapidement, elle peut entraîner des complications sévères à un stade plus avancé.
Chaque année en France, plusieurs dizaines de milliers de personnes sont concernées par la maladie de Lyme (en 2021, 47 000 cas diagnostiqués*), une infection transmise par la piqure de tique. Mieux comprendre cette maladie, ses symptômes et les gestes de prévention à adopter est essentiel, en particulier en période estivale.

Qu’est-ce que la maladie de Lyme ?
Il s’agit d’une maladie infectieuse causée par une bactérie du complexe Borrelia burgdorferi. Cette bactérie est transmise à l’être humain par la piqûre de tiques du genre Ixodes (Ixodes ricinus en France), très présentes dans les milieux naturels humides ou forestiers. À noter que d’autres espèces de Borrelia peuvent également être transmises par les tiques, mais elles ne provoquent pas la maladie de Lyme.
Une fois la bactérie transmise, elle peut se diffuser dans l’organisme et toucher différents systèmes : peau, articulations, système nerveux, voire le cœur (dans des cas rares). Si le traitement est initié rapidement, la maladie guérit dans la majorité des cas. Mais son diagnostic peut s’avérer complexe, d’où l’importance de la prévention.
Comment se transmet la maladie de Lyme ?
La maladie se contracte exclusivement par la piqûre d’une tique infectée. Contrairement à une idée reçue, on ne sent généralement pas la piqûre : la tique peut rester accrochée à la peau plusieurs jours sans être remarquée. La transmission de la bactérie ne survient qu’après un certain temps de fixation, généralement plus de 24 heures.
Toutes les tiques ne sont pas infectées, mais certaines zones géographiques présentent un risque plus élevé, notamment en milieu rural, dans les jardins boisés, les parcs ou les forêts. Les activités de plein air, en particulier entre avril et octobre, sont les périodes les plus propices à l’exposition.
Quels sont les symptômes ?
La maladie de Lyme peut se manifester de façon progressive, en plusieurs étapes. Les symptômes varient selon le stade de l’infection et la réponse immunitaire de la personne touchée.
Phase précoce localisée (quelques jours à quelques semaines après la piqûre)
Le signe le plus caractéristique, observé dans environ 80 % des cas en Europe, est l’érythème migrant : une plaque rouge, souvent circulaire, qui s’étend progressivement autour de la zone de piqûre et peut disparaître spontanément. Cette phase peut également s’accompagner de fièvre modérée, de fatigue, de maux de tête ou de douleurs musculaires.
À noter qu’aux États-Unis, l’érythème migrant est quasi systématique, ce qui facilite le diagnostic précoce de la maladie.

Phase secondaire (semaines à mois après l’infection)
Si elle n’est pas traitée, l’infection peut se disséminer dans l’organisme. On peut alors observer :
- des douleurs articulaires persistantes, parfois migrantes ;
- des troubles neurologiques (névralgies, paralysie faciale, méningite) ;
- des lésions cutanées secondaires ou des palpitations.
Phase tertiaire (mois à années après l’infection)
Dans de rares cas, des complications chroniques peuvent apparaître :
- arthrite inflammatoire persistante ;
- troubles neurologiques durables (troubles cognitifs, neuropathies) ;
- atteintes cardiaques ou ophtalmiques.
Comment diagnostiquer la maladie de Lyme ?
Le diagnostic repose d’abord sur l’interrogatoire médical et l’observation clinique. La présence d’un érythème migrant suffit généralement à poser le diagnostic et à initier un traitement sans test complémentaire.
Cela peut toutefois poser problème, car ce symptôme n’est observé que dans environ 80 % des cas : les 20 % de patients qui ne présentent pas d’érythème risquent alors de ne pas être diagnostiqués à ce stade et de ne pas bénéficier d’un test sérologique.
En l’absence de ce symptôme typique ou en cas de signes plus tardifs, des examens sont nécessaires :
- sérologies (tests sanguins) pour détecter les anticorps dirigés contre Borrelia ;
- analyses complémentaires (ponction lombaire, IRM, électromyogramme) en cas d’atteintes neurologiques.
Il est important de noter que les tests sérologiques peuvent être négatifs en phase précoce, car les anticorps ne sont pas encore présents en quantité détectable. Leur interprétation doit toujours être faite par un professionnel de santé.
Quels sont les traitements ?
Plus la maladie est détectée tôt, plus elle se traite facilement. Le traitement repose sur une antibiothérapie adaptée, prescrite par un médecin.
- En phase précoce, une antibiothérapie orale (doxycycline ou amoxicilline) pendant 10 à 14 jours permet généralement une guérison complète.
- En cas d’atteinte neurologique ou articulaire sévère, une antibiothérapie intraveineuse peut être nécessaire.
Dans la majorité des cas, les patients guérissent totalement après le traitement. Toutefois, certains peuvent présenter ce qu’on appelle un syndrome post-traitement de la maladie de Lyme traitée (PTLDS selon l’acronyme retenu par la Haute Autorité de Santé). Ce syndrome ne se limite pas à de simples symptômes résiduels : il peut entraîner une altération durable du fonctionnement habituel et de la qualité de vie, avec une asthénie marquée, des douleurs diffuses, voire des dysfonctionnements de certains organes. Le PTLDS constitue un véritable enjeu de santé publique et reste encore aujourd’hui au cœur de nombreux débats scientifiques. Des recherches sont en cours pour mieux comprendre ses mécanismes et améliorer sa prise en charge.

Prévention de la maladie de Lyme : les gestes à adopter
Éviter la piqûre de tique est le meilleur moyen de se protéger contre la maladie de Lyme. Quelques réflexes simples permettent de réduire significativement les risques :
Avant la sortie :
- Porter des vêtements couvrants, amples, clairs et ajustés ;
- Appliquer un répulsif anti-tiques homologué ;
- Rester sur les sentiers, éviter les hautes herbes.
Après la sortie :
- Inspecter soigneusement tout le corps, en insistant sur les plis de peau, le cuir chevelu et les zones chaudes (aisselles, aine, derrière les genoux…) ;
- Prendre une douche rapidement pour éliminer les tiques non encore fixées ;
- Retirer toute tique à l’aide d’un tire-tique, en la saisissant au plus près de la peau, sans produit.

En cas de piqûre : noter la date, surveiller la zone pendant 1 mois, et consulter un professionnel de santé si un érythème ou des symptômes apparaissent.
La recherche sur la maladie de Lyme à l’Institut Pasteur de Lille
L’Institut Pasteur de Lille ne mène pas actuellement de travaux spécifiques sur la maladie de Lyme. Néanmoins, certains axes de recherche abordent des mécanismes communs à plusieurs bactéries pathogènes transmises par des vecteurs. Le Dr Sébastien Bontemps-Gallo, qui s’est intéressé dans ses précédents travaux à la bactérie Borrelia burgdorferi, étudie aujourd’hui Yersinia pestis, l’agent responsable de la peste, et son vecteur, la puce.
« Mon objectif est : comprendre comment une bactérie “sait” où elle se trouve, et comment elle adapte son programme génétique pour établir une infection transmissible par les arthropodes. Ces mécanismes sont partagés par de nombreuses bactéries pathogènes, et cela ouvre des pistes pour développer de nouveaux traitements ou des mesures prophylactiques », explique-t-il.
* En 2021, 47 000 cas diagnostiqués (selon Santé Publique France)