Asthme, BPCO (Bronchite Chronique Obstructive), infections virales saisonnières : chaque année, ces pathologies touchent des millions de Français. Si leurs causes sont diverses – allergiques, infectieuses ou liées à une exposition chronique – elles ont toutes un point commun : leur lien étroit avec la qualité de l’air que nous respirons. À travers des gestes simples du quotidien, mais aussi des actions collectives à l’échelle des collectivités ou des entreprises, il est possible de mieux protéger sa santé respiratoire. Le Dr Luc Dauchet, médecin de santé publique et épidémiologiste à l’Institut Pasteur de Lille, répond à nos questions et fait le point sur les données les plus récentes.

Les maladies respiratoires telles que l’asthme, la BPCO ou les infections virales saisonnières sont fréquentes chaque année. Quels sont les principaux facteurs de risque à éviter au quotidien et quels gestes simples peut-on adopter pour protéger notre santé respiratoire, que ce soit à la maison ou à l’extérieur ?
L’asthme, la BPCO (Bronchite Chronique Obstructive) et les infections virales ont des causes principales différentes : l’asthme est dû à un mécanisme allergique, la BPCO est liée à une dégradation progressive de la fonction pulmonaire liée à une exposition chronique, et les infections respiratoires à la présence d’un germe. Mais ces trois pathologies sont toutes provoquées, favorisées, compliquées par la qualité de l’air inhalé. La principale cause en France de dégradation de cet air reste le tabagisme chez les fumeurs. Donc le premier conseil reste de ne pas fumer. Ensuite, pour les BPCO en particulier, il y a les expositions professionnelles, puis la qualité de l’air intérieur et extérieur. Pour ce qui est de la pollution atmosphérique (extérieure), il est difficile d’y échapper, elle est heureusement plutôt en baisse ces dernières années. Par contre, on peut agir sur la qualité de l’air à son domicile, par exemple en aérant régulièrement et en évitant les sources de pollution comme par exemple les aérosols, l’encens, les bougies parfumées, la fumée de cigarette ou les feux de cheminée.
Pour l’asthme, la prévention spécifique de cette pathologie reste complexe. Il semble qu’une exposition plus importante aux allergènes dans la petite enfance (avant 1 an) permette de réduire le risque d’asthme. Cela a été observé pour des enfants vivant à la ferme ou au contact d’animaux notamment (1). Mais il n’est pas simple d’en déduire des conseils simples de prévention. Pour les personnes asthmatiques, un bon suivi du traitement et une surveillance régulière sont importants. Il est aussi important de veiller à la qualité de l’air dans son logement et aux acariens. Des conseils sur ces points peuvent par exemple être retrouvés sur le site de l’Association pour la Prévention de la Pollution Atmosphérique (2).
Pour les maladies infectieuses saisonnières, il faut évidemment recommander aux personnes fragiles, et de plus de 65 ans notamment, de se faire vacciner chaque année contre la grippe et la Covid-19.
À l’échelle de la santé publique, que nous disent les données les plus récentes sur l’évolution des maladies respiratoires en France ? Y a-t-il des tendances inquiétantes ou au contraire des signes encourageants ?
Pour la BPCO, les tendances que l’on peut observer peuvent être en grande partie reliées à l’évolution du tabagisme. Entre les années 1950 et 2000, le tabagisme a diminué chez les hommes, passant de presque ¾ de consommateurs quotidiens à environ 1/3 (3). À l’inverse, chez les femmes, on est passé à moins de 10 % de consommatrices quotidiennes à près de 1/4. Depuis 2000, ces chiffres sont relativement stables, en très légère diminution (4). Parallèlement, on constate dans les données open source de Santé Publique France (https://geodes.santepubliquefrance.fr/) une augmentation du taux d’hospitalisation pour BPCO chez les femmes, et une relative stabilité chez les hommes depuis les années 2000. La BPCO étant la résultante d’une exposition au tabagisme sur le long terme, les effets sur les données de santé sont retardés par rapport à l’évolution de la consommation.
L’asthme, comme les autres pathologies allergiques, a augmenté de façon importante dans les pays industrialisés, en particulier chez l’enfant. Cette augmentation ne s’explique probablement pas par des causes environnementales. Une des hypothèses est la moindre exposition à l’allergène dans la petite enfance en raison d’un mode de vie plus urbain (1).
On peut par ailleurs noter la diminution progressive de la pollution de l’air en France, observée ces dernières années (diminution d’environ 40 % de la concentration de PM2.5 entre 2009 et 2021) (5), ce qui peut aussi avoir un impact positif sur la santé respiratoire.

Au-delà des gestes individuels, quelles actions collectives – à l’échelle des collectivités, des entreprises ou des établissements scolaires – pourraient avoir un réel impact sur la santé respiratoire ?
Pour les pathologies respiratoires, l’épisode de la Covid nous a rappelé l’importance de se protéger et de protéger les autres en évitant la propagation du virus, notamment par l’usage des masques et le lavage des mains. La vigilance est retombée depuis. Il n’est pas envisageable de poursuivre le port systématique du masque, mais l’on peut recommander d’être vigilant et d’éviter de contaminer les autres quand l’on est malade, notamment en portant un masque quand l’on tousse ou que l’on a de la fièvre. Et dans tous les cas, un lavage régulier des mains est recommandé. Ces petits gestes permettraient de réduire la transmission et l’amplitude des épidémies saisonnières, de protéger les personnes âgées et fragiles, mais aussi de réduire les épidémies de bronchiolite chez l’enfant.
Par ailleurs, comme à la maison, la prise en compte de la qualité de l’air intérieur dans les espaces publics est importante, comme les écoles ou les entreprises. Il y a aussi la question des lieux souterrains comme les métros qui peuvent être importants : on y passe généralement peu de temps mais, au vu leur situation particulière, le taux de particules fines en particulier y est parfois très élevé.
Dr Luc Dauchet
Médecin de santé publique et épidémiologiste à l’Institut Pasteur de Lille
Sources :
1. Mélisande Bourgoin-Heck, Isabella Annesi-Maesano. Épidémiologie de l’asthme, La Revue du Praticien. 2021. https://www.larevuedupraticien.fr/article/epidemiologie-de-lasthme
2. APPA. Les outils APPA – https://www.appa.asso.fr/la-documentheque/
3. Hill C. Le tabac en France – ventes et prix depuis 1950. 2015. https://www.gustaveroussy.fr/sites/default/files/le-tabac-en-france-maj-2015.pdf
4. OFDT. Évolution de l’usage quotidien de tabac parmi les 18-75 ans entre 2000 et 2021. 2025. https://www.ofdt.fr/publication/2025/evolution-de-l-usage-quotidien-de-tabac-parmi-les-18-75-ans-entre-2000-et-2021
5. Les villes où l’on respire le mieux, Le Point, février 2023. https://www.lepoint.fr/sante/exclusif-le-classement-des-villes-ou-l-on-respire-le-mieux-08-02-2023-2507969_40.php