La tuberculose reste une menace pour la santé publique, affectant les communautés vulnérables à travers le monde. Le début de l’essai clinique de phase 2a avec la combinaison alpibectir-éthionamide en association avec les antituberculeux de première intention marque une nouvelle étape importante dans la lutte contre la tuberculose multi-résistante notamment aux antibiotiques. Cette étude fait suite à une première étude de phase 2a qui a été couronnée de succès. Les antituberculeux de première intention sont les antibiotiques recommandés par les autorités de santé en premier choix pour traiter la tuberculose pulmonaire sensible : l’isoniazide, la rifampicine, l’ethambutol et le pyrazinamide. Malheureusement le traitement est long (6 mois) et est accompagné très souvent de nombreux effets secondaires.

Grâce à notre partenariat de longue date avec BioVersys et GSK, nous avons à cœur de proposer très vite de nouvelles solutions thérapeutiques alternatives et mieux tolérées et surtout actives contre toutes les formes de tuberculose (sensible et résistante). Le Pr. Nicolas Willand, chimiste médicinal au sein de l’équipe “M2SV : Médicaments et Molécules pour agir sur les Systèmes Vivants“, et découvreur de l’alpibectir, nous en dit davantage sur cette étude :


Cette étude va-t-elle permettre de vérifier que la combinaison alpibectir-éthionamide peut renforcer l’efficacité des antibiotiques déjà utilisés pour traiter la tuberculose ?


Nicolas Willand :
C’est effectivement cela. Cet essai est conçu pour évaluer les effets antimycobactériens d’alpibectir en combinaison avec d’autres agents antimycobactériens, en particulier l’Ethionamide, sur une période de 14 jours. L’objectif principal est d’optimiser la dose d’alpibectir et d’éthionamide et de confirmer l’abscence d’effets secondaires en vue d’une évaluation future en tant que traitement alternatif pour la tuberculose monorésistante à l’isoniazide.


Pourquoi remplacer l’isoniazide ?


Nicolas Willand :
La problématique est qu’aujourd’hui, dans le monde, il existe un grand nombre de souches de mycobacterium tuberculosis, l’agent pathogène, résistantes à l’isoniazide, ce qui complique le schéma thérapeutique. Depuis des décennies, l’isoniazide est un pilier du traitement de la tuberculose. Cependant, son usage prolongé et parfois à mauvais escient, a entraîné la sélection de souches bactériennes résistantes, rendant ce médicament inefficace pour de nombreux patients. L’association alpibectir-éthionamide représente donc une alternative prometteuse, capable de contourner ces résistances et d’offrir un traitement plus efficace contre la maladie.

Rappelons que depuis plus d’un siècle, le drapeau de la recherche contre la tuberculose se situe à Lille. Aujourd’hui encore, nos équipes poursuivent leurs recherches pour mieux combattre cette maladie, notamment les formes les plus résistantes, et qui tue encore près de 1,3 million de personnes chaque année dans le monde.

Pr Nicolas Willand

Pr. Nicolas Willand
Chimiste médicinal

U1177 : “Médicaments et molécules pour les systèmes vivants”