« Il est sûr que l’obésité au niveau planétaire augmente énormément, si bien qu’on estime qu’il y aura en 2030 entre 25 et 30 % de la population adulte qui sera obèse. On compte déjà plus de 150 millions d’enfants en surpoids. Cependant l’obésité reste quelque chose de difficile à évaluer. Il y a plusieurs études qui sont réalisées en France, comme ObEpi basée sur la méthode du sondage, ou l’étude de Santé Public France qui a ses propres moyens. Les résultats divergent sensiblement. L’OMS avait annoncé il y a encore peu de temps que la France était le meilleur élève pour l’obésité de toute l’Europe, ce qui ne correspond pas aux derniers chiffres publiés. Mais quel que soit le niveau de ces chiffres, la tendance est en effet sur 20 ans à l’augmentation régulière. Quant à savoir si cette augmentation est plus forte chez la femme que l’homme, cela dépend des populations. En Afrique par exemple, on compte plus d’obèses chez les femmes, alors qu’à l’inverse, dans les pays de l’Est, l’obésité concerne d’avantage les hommes. En France, il n’y a aucune amélioration, voir une aggravation chez l’adulte, avec une augmentation chez l’enfant qui s’est accentuée durant les années Covid. L’obésité chez les enfants âgés de 5 à 10 ans a pratiquement doublé durant cette période. La nouvelle génération est revenue à un niveau comparable à celui d’avant Covid. Chez l’adulte, la pandémie et la crise économique ont entrainé des conditions défavorables sur le maintien du poids. Il n’y a aucune véritable raison pour cela s’améliore, sauf des actions vigoureuses et multiples des gouvernements, et une meilleure prise charges des personnes obèses.

Nos travaux, soutenus par l’Institut Pasteur de Lille, ont deux axes. Sur le plan de la recherche, notre objectif est d’identifier les causes biologiques de l’obésité qui sont en grande partie liés à la génétique puisque, rappelons-le, les gènes jouent un rôle primordial sur notre appétit, sur la régulation de notre poids, et de nos dépenses énergétiques. En tirant parti des enseignements acquis, nous pouvons prétendre à une meilleure prise en charge des personnes obèses par une médecine personnalisée. L’autre axe concerne la prévention. Le projet Elispe (Etude Lilloise de Prévention Santé des Enfants), porté par le CHU de Lille et développé par le Centre National PreciDIAB, se déroule dans les écoles de Lille chez les enfants à 5 ans dont on évalue la corpulence et la trajectoire. Son objectif est d’améliorer leur santé afin de prévenir l’obésité. »
Retrouvez l’étude de Santé Publique France en cliquant ici.

Philippe Froguel, médecin et enseignant-chercheur en endocrinologie, biologie moléculaire et génétique, se situe à la pointe de la recherche en médecine génomique à la tête d’un laboratoire franco-britannique basé à Lille et à Londres. Il est également le Responsable Scientifique et Technique du Centre National de médecine de Précision des Diabètes PreciDIAB.