Epidémiologie
Le cancer du sein se situe au 1er rang des cancers incidents chez la femme (61 224 nouveaux cas en 2023), nettement devant le cancer du poumon (19 339 nouveaux cas chez les femmes en 2023) et le cancer du côlon-rectum (21 370 nouveaux cas chez les femmes en 2023) .
L’âge médian de diagnostic est de 64 ans avec une survie nette à 5 ans de 88%. Il n’existe pas de disparités régionales et/ou départementales d’incidence du cancer du sein.
On note que le taux d’incidence augmente de 0.3% par an mais le taux de mortalité est quant à lui en baisse de 1.6 % par an entre 2010 et 2018. Ceci peut s’expliquer en partie par l’amélioration des traitements mais également par un dépistage du cancer du sein de plus en plus adapté au niveau de risque de chaque femme.

Source : Panorama des cancers en France – Édition 2021 – l’Institut national du cancer (INCa)
Pour être mis en place un dépistage organisé doit répondre à des critères précis définis par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le dépistage doit être pu invasif et permettre le dépistage précoce de la tumeur cancéreuse. Un arsenal thérapeutique doit pouvoir être proposé en parallèle. En France, 3 cancers bénéficient de ce programme : cancer du sein, cancer colorectal et cancer du col de l’utérus.
Ces dépistages s’adressent aux populations dites à risque moyen c’est à dire sans antécédents carcinologiques et sans signes cliniques ou symptômes Dans ces cas particuliers, une prise en charge ciblée et individuelle sera proposée
Les principaux facteurs de risque de développer un cancer du sein sont :
- Le fait d’être une femme : moins d’un pour cent des cas concernent les hommes ;
- L’âge : près de 80 % des cancers du sein touchent des femmes de plus de 50 ans.
- Antécédant personnels et familiaux
- Consommation d’alcool et de tabac
- Surpoids
- Certains traitements hormonaux de la ménopause
Le dépistage organisé du cancer du sein concerne donc toutes les femmes entre 50 et 74 ans. Une invitation à la réalisation d’une mammographie de dépistage est envoyée tous les 2ans aux femmes éligibles.
Le dépistage consiste en un examen clinique des seins ainsi qu’une mammographie (plusieurs incidences) chez un radiologue agrée. Une deuxième lecture systématique des mammographies jugées normales est assurée par un second radiologue expérimenté.
Ce dépistage organisé est pris en charge à 100 % par l’Assurance maladie. L’impact estimé du programme de dépistage organisé du cancer du sein se traduit par une réduction de sa mortalité de 15 à 21 %.
Il convient de ne pas méconnaitre certains risques 3 :
- Possibilité d’un sur-diagnostic inhérent à chaque programme de dépistage. En effet, il est compliqué de connaitre l’évolution d’une tumeur décelée.
- Cancer de l’intervalle (cancers qui surviennent entre 2 dépistages).
- Le risque de cancer radio-induit par la mammographie est faible. C’est pour limiter ce risque que le dépistage est proposé à des femmes appartenant à une tranche d’âge définie et tous les 2ans. Le nombre de décès évités grâce au dépistage est largement supérieur au risque de décès radio-induits
Le programme fait l’objet d’une évaluation annuelle par l’institut de Veille
Sanitaire (InVS). Les indicateurs de participation font en revanche apparaître un résultat inférieur à l’objectif cible de 70%.

Source : Panorama des cancers en France – Édition 2021 – l’Institut national du cancer (INCa)
Il existe une forte hétérogénéité par département. En 2023, la région haut de France est dans la moyenne nationale.

Source : Panorama des cancers en France – Édition 2023 – l’Institut national du cancer (INCa)
Les principaux freins relevés sont :
- Individuels (peur du résultat, manque de temps),
- Biais d’organisation avec des cabinets de radiologie parfois loin des domiciles
Examen clinique
En dehors de ce dépistage organisé, il est préconisé de consulter au moins 1 fois par an votre médecin traitant ou votre gynécologue pour un examen clinique de vos seins et des aires ganglionnaires.
Durant cet intervalle, il est important de rester attentive aux éventuels changements au niveau des seins notamment par l’autopalpation des seins. Une consultation rapide chez votre médecin est nécessaire si :
- Une boule ou une grosseur apparait dans un sein ou une aisselle ;
- Présence d’une rougeur ou un aspect irrégulier “peau d’orange” de la peau de vos seins ;
- Apparition d’une rétraction au niveau du mamelon ;
- Présence d’un écoulement anormal.
Patiente à haut risque ne participant pas au dépistage national organisé
Certaines femmes présentent une probabilité bien plus importante que la moyenne d’être atteintes d’un cancer du sein :
- Antécédents de cancer du sein, de l’utérus et/ou de certaines affections du sein (hyperplasie atypique ou affection proliférative bénigne) ;
- Exposition à une irradiation thoracique à haute dose avant l’âge de 30 ans
- Prédispositions génétiques, notamment les mutations familiales BRCA 1 ou BRCA 2
Dans ces situations considérées comme « risque élevé de cancer du sein» ou «risque très élevé » (prédispositions génétiques BRCA1 ou 2), le dépistage organisé n’est pas recommandé et une surveillance spécifique est proposée suivant la situation personnelle de la personne.
En conclusion, Le dépistage du cancer du sein a pour objectif de détecter plus tôt la tumeur cancéreuse, avant l’apparition de symptômes et ainsi le soigner plus facilement et augmenter ses chances de guérison.
Dr LAHOUSSE Sophie
Médecin, Centre Prévention Santé Longévité
Sources de l’article :
- Institut national du cancer. Panorama 2023
- HAS dépistage et prévention du cancer du sein. mis à jour 2024
- Institut National du cancer. Dépistage des cancers du sein : les réponses à vos questions