Nutrition : La longévité se joue aussi dans l’assiette

 


Y a-t-il une différence entre nutrition et alimentation ? Y a-t-il une alimentation qui garantirait une vie plus longue et meilleure ? Découvrez les réponses à ces questions, ainsi que des conseils pratiques dans ce dossier spécial nutrition. Le Dr Jean-Michel Lecerf, responsable du service de nutrition de l’Institut Pasteur de Lille, vous éclaire sur toutes les questions que vous vous posez.

service nutrition activité physique

La nutrition, une clé pour notre santé

Nous entendons beaucoup parler de nutrition et d’alimentation, mais qu’elle est la différence ? L’alimentation correspond à notre régime alimentaire alors que la nutrition englobe aussi bien notre alimentation, que notre activité physique. Ainsi, la nutrition joue un rôle considérable sur la longévité. Des milliers d’études prouvent que la probabilité d’avoir un problème de santé sérieux est augmentée par une alimentation excessive et déséquilibrée de façon régulière. Ces problèmes peuvent conduire à réduire la durée de vie et notamment la durée de vie en bonne santé. Obésité, cholestérol, diabète, maladies cardiovasculaires, DMLA, cataracte, ostéoporose, cancer… Autant de problèmes de santé, ne se limitant pas à des pathologies « nutritionnelles ». Notre nutrition influence l’ensemble de notre organisme. Le Dr Jean-Michel Lecerf, responsable du service de nutrition de l’Institut Pasteur de Lille, nous rappelle que toutes ces maladies ne sont pas dues qu’à la nutrition, mais que cette dernière est indéniablement impliquée dans un grand nombre de pathologies.

Par exemple, la qualité de notre régime alimentaire est essentielle pour maintenir nos capacités intellectuelles tout au long de la vie. C’est ce qu’a rappelé récemment le Pr Philippe Amouyel, professeur de Santé Publique au CHU de Lille et directeur de l’unité de recherche dédiée à l’étude des facteurs de risque et des déterminants liés au vieillissement sur le campus de l’Institut Pasteur de Lille : «L’adoption d’un régime méditerranéen permet de ralentir significativement le déclin de nos capacités cognitives avec l’âge et de repousser l’âge des débuts des premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer.»

Y a-t-il une alimentation qui garantirait une vie plus longue et meilleure ?

A cette question le Dr Jean-Michel Lecerf répond : “Hélas, il n’y a pas de garantie, mais il y a des bonnes chances que cela puisse y contribuer. Tant dans l’état de santé que dans la longévité, des facteurs génétiques existent et expliquent la différence entre individus à alimentation égale.” Il rappelle néanmoins que le mode de vie tient une place considérable.

Si nous savons que les excès caloriques répétés conduisent à une prise de poids, favorisent le risque de pathologies chroniques dégénératives non transmissibles, raccourcissent la longueur des télomères (ce qui est un facteur de vieillissement), nous savons aussi que l’insuffisance d’apports alimentaires (liée à la pauvreté, aux régimes successifs…), accroît les risques de déficits voire de carences et de malnutrition.

Ainsi, le médecin nutritionniste met en avant 3 principes :

  • les excès alimentaires répétés et réguliers sont nocifs et altèrent la santé. Ces excès posent des problèmes lorsqu’ils sont répétés. Néanmoins modérés et rares, ils font partie d’une vie raisonnable.
  • un style alimentaire avec une alimentation variée, n’excluant aucune catégorie d’aliments, comprenant à la fois des aliments d’origine animale et végétale, et d’inspiration méditerranéenne (pour notre culture française européenne) contribue fortement à vivre mieux plus longtemps.
  • l’activité physique est primordiale ! Une certaine frugalité, sans carence, résulte du bon sens : c’est la modération.

Nutrition et longévité : la chasse aux idées reçues

Le vieillissement n’induit pas de sénescence significative du système digestif. La sensation de faim peut diminuer quelque peu. Ainsi, pour retrouver les mêmes saveurs, nous avons besoin d’aliments un peu plus sucrés ou salés, mis à part cela aucune différence significative n’est recensée. Nous pouvons alors nous demander ce qu’induit vraiment le vieillissement ? Tour d’horizon avec le Dr Lecerf des idées reçues autours de la nutrition.

  • Je suis âgé donc je n’ai pas besoin de manger beaucoup
    – Il n’y a pas, à activité physique égale, de diminution de nos besoins énergétiques. On ne doit pas manger moins !
  • Je ne bouge pas donc je dois manger moins
    – S’il n’y a pas de dépenses physique, oui, mais la solution réside ailleurs : il faut essayer de bouger plus pour manger plus.
  • J’ai pris du ” gras ” ou du poids donc je dois maigrir
    – Non. Pour les jeunes, un poids excessif représente un danger pour la santé cardiovasculaire, mais un surpoids modéré pour une personne âgée n’a pas la même signification. Il faut être très prudent vis-à-vis des régimes. Les personnes âgées ont les mêmes besoins en vitamines, magnésium, fer, etc… et même des besoins sensiblement accrus en protéine (viande, poisson, œuf, lentilles…)
  • Il ne faut pas manger beaucoup le soir car la nuit on ne dépense rien
    – Manger peut induire une perte de protéines. Nous n’en disposerons pas le matin suivant, ce qui nous permet, normalement, d’entamer une bonne journée.
  • La cuisson de mes aliments n’a pas d’importance
    – Afin de préserver les bonnes vitamines et les bons minéraux, il ne faut pas ” matraquer ” nos aliments avec des transformations inadéquates. Il faut préserver la qualité des aliments en adoptant des modes de cuisson douce. Eviter de griller ou de rôtir les aliments.
  • A mon âge on peut se passer du lait
    – Selon le docteur, l’homme est omnivore, il a besoin de tout pour bien se porter. De plus, le lait est l’aliment qui a la plus grande richesse avec plus de 2000 composants dont on ne peut se passer.
  • Je suis constipé donc je dois manger moins
    – En fait c’est l’inverse.
  • Jeûner me fera du bien pour éliminer les ” toxines “
    – Ce n’est pas une façon de s’entretenir, réitérer trop souvent peut même être nocif.

Études cliniques à l’Institut Pasteur de Lille

Le Centre Prévention Santé Longévité (Institut Pasteur de Lille & CHU de Lille) adopte une démarche innovante, unique en France, de prévention et d’éducation à la santé, de conseil et d’accompagnement pour un vieillissement actif et réussi. Ce centre abrite le service de Nutrition de l’Institut Pasteur de Lille qui mène des projets de recherche appliquée en nutrition (études cliniques) et santé publique, il conduit également des missions d’expertises et assure la formation des professionnels dans les domaines de l’alimentation, la diététique et la nutrition.

Les études cliniques menées au sein du centre d’investigation clinique NutrInvest permettent d’évaluer les effets nutritionnels et les atouts santé des produits alimentaires. Ces études, réalisées grâce à la participation de volontaires, contribuent à une meilleure compréhension de l’effet de certains aliments ou compléments alimentaires sur des paramètres biologiques associés à la santé. Plusieurs thématiques de recherches sont actuellement explorées autour du rôle préventif de l’alimentation : prévention de l’hypercholestérolémie et du diabète de type II et amélioration des symptômes associés au syndrome de l’intestin irritable, etc.

Doctor nutritionist in office with healthy fruits diet concept