Chaque année, plus de 500 000 infections sexuellement transmissibles (IST) sont notifiées dans l’UE/EEE. Elles représentent une menace de longue date et un défi permanent pour la santé publique.  

Nous en savons de plus en plus sur l’épidémiologie des infections sexuellement transmissibles et sur la manière de les soigner. Cependant, la population en connaît-elle les risques ? De quelles maladies s’agit-il ? Comment sont-elles transmises ? Comment les prévenir ?

La plupart des infections sexuellement transmissibles sont transmises d’une personne à une autre lors de relations sexuelles vaginales, anales ou orales non protégées, ou en partageant des jouets sexuels.

Dans certaines de ces infections, la transmission ne se fait pas exclusivement par voie sexuelle, mais aussi par le sang ou pendant la grossesse, au fœtus (transmission verticale), comme c’est le cas des hépatites B et C, du VIH et de la syphilis.

Ces infections passent souvent inaperçues, sans aucun symptôme, surtout aux stades initiaux. La plupart se traitent efficacement et peuvent être facilement évitées. Cependant, si elles ne sont pas traitées correctement, elles peuvent avoir des conséquences importantes et dériver vers un cancer ou une maladie chronique.

Connaître les maladies sexuellement transmissibles

  • Quel sont les germes responsables ?

Les germes responsables peuvent être : des bactéries (Neisseria gonorrhoeae, Chlamydia trachomatis, Mycoplasma, Treponema pallidum, Haemophilus ducreyi), des virus (virus du papillome humain ou VPH, herpès virus, virus de l’hepatite B ou C et VIH), ou des protozoaires (Trichomonas vaginalis)

  • Quelles sont les infections sexuellement transmissibles les plus courantes ?
  • Infection au virus du papillome humain (VPH)
  • la chlamydiose
  • la syphilis
  • la gonorrhée
  • l’hépatite B
  • l’infection à VIH
  • l’herpès génital

 

  • Quelles sont les conséquences des IST sur la santé ?

De nombreuses IST sont complètement guéries grâce à un diagnostic précoce et un traitement approprié. Cependant, un traitement tardif ou un manque de suivi peut avoir des conséquences graves : maladie chronique (VIH, VHB), cancer (VPH,VIH), ou encore infertilité (chlamydiose, gonorrhée, mycoplasmose). En effet, les infections sexuellement transmissibles sont parmi les principales causes d’infertilité chez l’homme comme chez la femme.

Reconnaître les symptômes d’une IST

Il existe une série de symptômes plus ou moins caractéristiques de certaines IST, mais attention ! Elles peuvent rester longtemps sans symptômes. De nombreuses IST sont asymptomatiques en raison de leur localisation, comme les cas d’infection du pharynx ou du rectum par le gonocoque ou la Chlamydia. D’autres peuvent passer des mois, voire des années sans symptômes, comme la syphilis, l’hépatite virale ou le VIH. Une personne infectée, même asymptomatique, peut transmettre l’infection à ses partenaires. On comprend bien que l’arme principale dans la lutte contre les maladies sexuellement transmissibles soit la prévention.

  • Quels symptômes d’alerte chez les femmes ?

Chez la femme, les signes et symptômes qui peuvent nous alerter d’une IST sont : écoulement anormal du vagin avec ou sans odeur désagréable ; plaies, urticaire, verrues ou cloques près des organes génitaux, de l’anus ou de la bouche ; gonflement d’un ou plusieurs ganglions lymphatiques près d’une lésion ; douleur dans la région pelvienne ; brûlure ou démangeaison autour des organes génitaux ; brûlure en urinant ou en allant à la selle ; saignement vaginal sans menstruation ou après un rapport sexuel; douleur dans le vagin pendant les rapports sexuels, d’apparition soudaine.

  • Quels symptômes d’alerte chez les hommes ?

Chez les hommes, les signes avant-coureurs et les symptômes incluent : écoulement de l’urètre ; plaies, urticaire, verrues ou cloques près des organes génitaux, de l’anus ou de la bouche ; gonflement d’un ou plusieurs ganglions lymphatiques près de l’ulcère ; brûlure ou démangeaison autour des organes génitaux; douleur ou gonflement des testicules; sensation de brûlure et douleur en urinant ou en déféquant.

  • Attitude en présence de symptômes évocateurs d’une IST

En présence de l’un de ces symptômes, il est très important de se rendre dans un centre de santé pour un contrôle et de suivre les prescriptions médicales. Lorsqu’une personne contracte une IST, il convient d’aviser les personnes avec qui elle a eu des relations sexuelles récentes pour les informer de la possibilité de transmission, même si elles ne présentent pas de symptômes. La plupart des IST guérissent bien si elles sont traitées tôt.

Être conscient du risque de contracter une IST

Qui est le plus à risque?

  • Les personnes qui ont plusieurs partenaires
  • Les personnes ayant des rapports sexuels non protégés
  • Les personnes dont les partenaires sexuels présentent des symptômes d’IST ou ont reçu un diagnostic d’IST

Prévention primaire : éviter la contagion

Le risque de contracter une IST est considérablement réduit grâce à des mesures préventives appropriées.

La mesure de prévention la plus efficace est sans aucun doute l’utilisation d’un préservatif, car il protège contre le VIH et les autres IST. Les préservatifs masculins et féminins sont la seule méthode qui prévient à la fois les grossesses non désirées et les infections sexuellement transmissibles, y compris le VIH.

  • Le préservatif masculin

L’efficacité du préservatif masculin est variable, en fonction de l’usage qui en est fait. Correctement utilisé, il est un moyen très efficace de prévention.

 

  • Le préservatif féminin

Le préservatif féminin est une méthode de prévention alternative au préservatif masculin, protégeant contre les grossesses non désirées, l’infection par le VIH et les autres infections sexuellement transmissibles. Il s’agit d’une membrane transparente en nitrile, avec un anneau flexible à chaque extrémité, un à l’intérieur qui permet son placement à l’intérieur du vagin, y l’autre plus large qui restera à l’extérieur du vagin en couvrant les parties génitales externes de la femme. Il est plus résistant que le préservatif masculin, inodore et déjà lubrifié. Il peut être inséré jusqu’à 8 heures avant les rapports sexuels, sans qu’il soit nécessaire de le retirer immédiatement après l’éjaculation.

  • Qu’apporte le préservatif féminin?

Le préservatif féminin offre aux femmes la possibilité de se protéger, car une méthode pouvant être utilisée par elles-mêmes facilite la décision et le contrôle pour avoir des relations sexuelles avec pénétration en toute sécurité. Il donne aux femmes une plus grande autonomie que le préservatif masculin, augmentant le contrôle qu’elles ont sur leur fertilité et leur sexualité.

  • Qu’est-ce que la « double protection » ?

Elle consiste en l’utilisation à la fois du préservatif masculin et de la pilule (ou du stérilet) pour les femmes. Cela permet de prévenir très efficacement à la fois une IST et une grossesse non désirée.

  • Les vaccins

Les vaccins disponibles jusqu’à présent pour éviter les ITS peuvent prévenir très efficacement l’infection à papillomavirus, l’une des ITS les plus fréquentes, et l’hépatite B. Pour les autres ITS aucun vaccin n’est disponible pour le moment.

Prévention secondaire : que faire en cas de contact sexuel à risque ?

Il ne faut surtout pas attendre sans rien faire après un contact sexuel à risque (rapports sexuels hors partenaire stable, sans protection, ou avec une personne présentant des symptômes évocateurs ou un diagnostic établi d’IST). Au contraire, il est fortement recommandé au patient de se rendre dans un centre de dépistage des IST pour une évaluation.

  • Dépistage ou détection précoce

Il s’agit d’une mesure de prévention secondaire qui permet un diagnostic précoce des personnes ayant eu des contacts sexuels à risque avec d’autres couples, et notamment avec des couples dans lesquels la présence d’une IST est déjà connue. Il est très important que les personnes exposées à l’un de ces risques se rendent chez un médecin ou dans un centre de détection des ITS pour une évaluation, et un traitement le cas échéant. Le diagnostic précoce d’une ITS permet un traitement précoce, qui permet à la fois d’éviter des complications graves et de contrôler la chaîne de transmission.

  • Prophylaxie post-exposition au VIH

Après évaluation des risques par un personnel de santé compétent, la prophylaxie du VIH peut être indiquée après un contact récent (sexuel ou par le sang).

Traitement d’une IST

Si un diagnostic d’ITS est posé, le médecin prescrira un traitement antibiotique, antiviral ou autre. Le traitement est parfois chirurgical : c’est le cas souvent par exemple des lésions dues au virus du papillome. Les partenaires sexuels de la personne avec une IST devront aussi être évalués.

Pour certaines IST, le médecin prescrira des antibiotiques au patient et parfois aussi à son partenaire. Le non-respect de la dose et de la durée du traitement antibiotique peut entraîner des conséquences graves. En plus d’empêcher la guérison, il augmente le risque de résistance et donc de traitement inefficace. En effet, on constate une augmentation alarmante de la résistance des bactéries responsables des IST aux antibiotiques, c’est pourquoi l’arsenal thérapeutique se rétrécit et il est de plus en plus difficile de traiter ces maladies.

Un bon exemple est celui de Neisseria gonorrhoeae, qui a développé une résistance à la quasi-totalité des antibiotiques utilisés pour son traitement.

Article rédigé par Antonia Gasch Illescas,
Médecin de santé public au Centre Prévention Santé Longévité.