La Coqueluche

Qu’est ce que la coqueluche ?
La coqueluche est une maladie infectieuse des voies respiratoires causée par une bactérie du genre Bordetella. Bordetella pertussis est l’agent infectieux responsable de la coqueluche. Trois autres espèces du genre Bordetella sont également pathogènes pour l’homme : B. parapertussis, B. bronchiseptica et B. holmesii. La coqueluche est une maladie qui peut être grave, voire mortelle, chez les nourrissons trop jeunes pour être vaccinés. Les personnes à risque inclus également les personnes âgées, les personnes souffrant d’une maladie respiratoire chronique (asthme, BPCO, …) et les personnes immunodéprimées.
L’introduction généralisée de la vaccination des nourrissons dès l’âge de 2 mois, a très largement contribué à réduire l’incidence de la coqueluche par rapport à l’ère pré-vaccinale. Cependant et malgré une couverture vaccinale qui approche les 84% en 2023, l’OMS estime qu’environ 24 millions de personnes dans le monde développent la maladie et que cette dernière est à l’origine de 160 000 décès par an. Pendant la pandémie Covid-19, le nombre de cas diagnostiqués a fortement diminué notamment grâce aux gestes barrières adoptés durant cette période.
Pourquoi une recrudescence de la coqueluche en France en 2024 ?
Depuis le début de l’année 2024, on observe en France et en Europe une forte augmentation du nombre de cas de coqueluche. Alors qu’environ 40 000 cas par an étaient recensés en Europe avant la pandémie, près de 135 000 cas ont été diagnostiqués en France en 2024 (de janvier à août), incluant 277 nourrissons de moins de 12 mois. Parmi ces personnes infectées, 35 décès ont été recensés dont 22 enfants (données Santé Publique France). Cette recrudescence est liée en partie au fait que la bactérie exprime plus abondamment des facteurs de virulence impliqués dans l’adhésion aux cellules de l’épithélium respiratoire et dans la modulation de la réponse de l’hôte. Ces facteurs de virulence sont normalement ciblés par la vaccination. Ainsi la bactérie « version 2024 » serait plus résistante aux vaccins existants. Une autre raison invoquée est la diminution de l’immunité collective liée aux mesures de protection (masques, confinement) lors de la crise COVID19.
Comment contracte-on la coqueluche ?
La bactérie se transmet par voie aérienne lors d’une toux produite par une personne infectée vers son entourage. La coqueluche est très contagieuse, beaucoup plus par exemple que le virus SARS-Cov-2 responsable de la Covid-19. Il a été calculé qu’une personne contaminée peut transmettre la maladie à 15 autres personnes (contre 3 dans le cas de la Covid-19). La transmission se fait principalement de parents à enfants ou au sein d’une fratrie.
Quels sont les symptômes de la coqueluche ?
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- La phase d’incubation asymptomatique (sans symptômes) dure de 7 à 15 jours.
- Elle est suivie d’une période d’une dizaine de jours marquée par une toux sèche, un léger écoulement nasal, un malaise général et une anorexie. La fièvre est généralement absente ou modérée. Au cours de cette phase dite catarrhale, les sécrétions respiratoires sont riches en bordetelles et le malade est donc très contagieux.
- La fin de cette phase est caractérisée par des quintes de toux souvent nocturnes, induisant un état de fatigue important chez le malade. Cette période (phase paroxystique) peut parfois être assez longue, jusqu’à plusieurs semaines. Lors des quintes de toux, les nourrissons peuvent développer des apnées parfois accompagnées de bradycardies (rythme cardiaque inférieur à la normale), ou encore des accès de cyanose (coloration bleutée de la peau). Des complications peuvent survenir comme des pneumonies ou des affections neurologiques (crises convulsives, encéphalites). Les formes graves chez le nourrisson peuvent entrainer parfois le décès.
- La phase de convalescence est longue et peut s’étaler sur plusieurs semaines.
Comment diagnostiquer la coqueluche ?
Le diagnostic chez l’adulte est difficile car les caractéristiques cliniques peuvent être variables d’un individu à un autre. L’infection par la bactérie Bordetella pertussis doit être confirmée par un diagnostic biologique. Pour ce dernier, une aspiration ou un prélèvement nasopharyngé est nécessaire afin d’isoler la bactérie (culture) ou de détecter son matériel génétique par PCR. En cas de positivité, il est important de rapidement traiter les patients avec des antibiotiques afin de stopper au plus vite la transmission et de protéger les personnes en contact avec la personne infectée. Le port du masque est très fortement recommandé.
Quels sont les traitements de la coqueluche ?
Les antibiotiques de choix appartiennent principalement à la famille des macrolides. Ceux-ci éliminent les bactéries dans les sécrétions en quelques jours. On recommande aussi un traitement à l’entourage du malade (notamment les personnes fragiles), même les personnes asymptomatiques, si elles n’ont pas reçu de rappel vaccinal dans les cinq dernières années. Pour les nourrissons de 0 à 3 mois, une hospitalisation est fortement recommandée.
Comment prévenir la coqueluche ?
Introduite en France en 1959, la vaccination contre la coqueluche est associée depuis 1966 aux vaccins, contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite. Son introduction a entraîné une chute spectaculaire du nombre de cas et de décès liés à cette maladie.
- Chez les nourrissons, le schéma vaccinal actuel est le suivant : une primo-vaccination à l’âge de 2 mois, 4 mois et 11 mois, suivie d’un rappel à 6 ans et un autre entre 11 et 13 ans.
- Chez les adultes, un rappel est recommandé à l’âge de 25 ans (rattrapage recommandé jusqu’à 40 ans). En effet, comme la plupart des vaccins, le vaccin anti-coqueluche ne protège pas à vie.
- Depuis avril 2022, la vaccination durant la grossesse est préconisée pour protéger le nouveau-né grâce à l’immunité maternelle. Cette vaccination est recommandée entre 20 et 36 semaines d’aménorrhée, et à chaque grossesse.
- La Haute Autorité de Santé a recommandé le 22 juillet 2024 que toute personne en contact proche avec un nouveau-né de moins de 6 mois reçoive un rappel, si son dernier vaccin contre la coqueluche date de plus de 5 ans.
Comme dans toutes maladies infectieuses respiratoires, le port du masque est fortement recommandé, en particulier en présence de personnes fragiles, dans les établissements sanitaires et médico-sociaux, dans les espaces clos et dans les transports en commun.
Les travaux de recherche sur la Coqueluche à l’Institut Pasteur de Lille
Développement d’un vaccin nasal innovant
Une équipe de recherche mixte (CNRS, INSERM, Université de Lille et CHU de Lille) accueillie et soutenue par l’institut Pasteur de Lille, dirigée par le Dr Camille LOCHT jusqu’en 2019 et par le Dr Nathalie Mielcarek depuis 2020, a mis au point un vaccin de nouvelle génération délivré par voie nasale.
L’objectif de ce vaccin original est de protéger les personnes non seulement contre la maladie, comme les vaccins précédents, mais également contre l’infection et la transmission des bordetelles. Pour atteindre ces résultats, les scientifiques ont eu l’idée d’induire une réponse immunitaire au niveau de la porte d’entrée des bactéries, le nez, en administrant ce vaccin, appelé BPZE1, par un spray nasal. La stratégie a ensuite été de mimer l’infection naturelle par la bactérie, connue pour protéger efficacement et durablement les individus contre une infection ultérieure. Pour cela, les scientifiques ont modifié génétiquement la bactérie Bordetella pertussis, de manière à la rendre totalement inoffensive pour l’homme; on parle de bactéries atténuées. BPZE1 est donc un vaccin atténué administré par simple spray nasal.
Il a désormais été testé dans plusieurs essais cliniques impliquant des centaines de volontaires. Son innocuité et sa capacité à induire une réponse immunitaire localement, dans le nez, et au niveau systémique ont été démontrées. Des essais cliniques de grande ampleur (phase 3) sur plusieurs continents sont en préparation avant une future commercialisation, en partenariat avec l’entreprise ILIAD Biotechnologies.
Dr Nathalie Mielcarek
Directrice de l’équipe « Recherche sur les Mycobactéries et les Bordetelles »
Centre d’Infection et d’Immunité de Lille
INSERM U1019 – CNRS UMR9017-Université de Lille -CHU Lille-Institut Pasteur de Lille