Le tabagisme est responsable de 8 millions de morts par an dans le monde. Le sevrage tabagique est actuellement la seule solution pour endiguer cette mortalité mais il est rendu difficile du fait de l’addiction à la nicotine. Depuis quelques années, la cigarette électronique, ou « e-cig », a fait son apparition sur le marché comme nouveau dispositif de délivrance de nicotine. Bien que la e-cig est généralement perçue comme moins nocive que la cigarette conventionnelle, notamment du fait de l’absence de combustion pendant son utilisation, les données actuelles sont insuffisantes pour évaluer sa sécurité à long terme pour la santé humaine.

Dans ce contexte, le Laboratoire de Toxicologie Génétique et l’équipe OpInfIELD de l’Institut Pasteur de Lille ont participé à un projet de recherche intitulé RESPIRE pour « RESPiratory Impact of long-teRm exposure to Electronic cigarettes » (impact respiratoire de l’exposition à long terme à la cigarette électronique), financé par l’INCA et coordonnée par l’ULR 4483-IMPECS-Impact de l’Environnement Chimique sur la Santé. L’objectif de ce projet multidisciplinaire était d’étudier, sur un modèle murin, l’impact d’une exposition chronique aux émissions d’e-cig sur la fonction respiratoire et d’évaluer les effets génétiques et épigénétiques. Dans les conditions expérimentales de cette étude (conditions d’exposition de l’Homme réalistes), les résultats des essais de génotoxicité ont montré que les émissions de cigarette conventionnelle et de cigarette électronique (modèle de 3ème génération testé à forte puissance) induisent des lésions oxydatives à l’ADN. Ces données ne permettent donc pas de démontrer l’innocuité de la e-cig, ni de présager non plus, à ce stade, que les dommages observés chez la souris soient transposables à l’Homme et aboutissent sur le plus long terme à la survenue d’une pathologie pulmonaire. Des analyses complémentaires sont en cours pour préciser l’impact de cette exposition sur l’inflammation et la réponse immunitaire pulmonaire et plus globalement sur la fonction respiratoire.

L’ensemble des données de ce projet devraient apporter de nouvelles connaissances fondamentales pour l’évaluation des risques de ces produits émergents et, in fine, aider les autorités sanitaires sur la politique à suivre pour réduire la prévalence des maladies pulmonaires et des décès liés à la cigarette.

Laboratoire de toxicologie génétique
URL4483 – Impact de l’Environnement Chimique sur la Santé
Equipe OpInfIELD – Centre d’Infection et d’Immunité de Lille (CIIL)

INSERM U 1019 – CNRS UMR 9017- Institut Pasteur de Lille