La bronchopneumopathie chronique obstructive ou BPCO

Mise à jour : novembre 2024

Qu’est-ce que la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) ? 

La bronchopneumopathie chronique obstructive ou BPCO est une maladie chronique inflammatoire des bronches. Peu connue du grand public, la BPCO est la 3e cause de mortalité dans le monde (>3 millions de décès/an). En France, 4 millions de personnes sont concernées (17.000 morts en 2017). Ce chiffre est probablement sous-estimé en raison d’une proportion élevée de patients non diagnostiqués du fait de son évolution lente et insidieuse, les premiers symptômes étant relativement anodins. Le tabagisme constitue la principale cause de la maladie bien que de multiples facteurs peuvent être impliqués. La BPCO représente donc un enjeu sociétal majeur en raison de taux élevés de morbidité, d’invalidité et de mortalité. Les recherches en cours à l’Institut Pasteur de Lille visent à mieux comprendre les mécanismes de la maladie, pour identifier des facteurs de risque et des cibles thérapeutiques.

Recherche sur la BPCO à l'Institut Pasteur de Lille

Comment contracte-on la BPCO et quels en sont les principales conséquences ?

Le tabagisme (actif et passif) est responsable de la majorité des cas de BPCO. Celle-ci peut aussi avoir d’autres causes comme une exposition prolongée et/ou répétée à des particules et gaz nocifs. Il s’agit également d’une maladie multifactorielle impliquant des facteurs génétiques qui explique qu’à tabagisme équivalent certaines personnes développent la maladie (environ 1/3 des fumeurs) et d’autres non. La BPCO se manifeste par un rétrécissement progressif des voies respiratoires, souvent accompagné d’une production excessive de mucus. Cela rend la respiration plus laborieuse au fil du temps. Dans le poumon profond, les alvéoles pulmonaires, qui permettent les échanges gazeux lors de la respiration, sont progressivement détruites, conduisant à l’emphysème (endommagement des alvéoles) et à la perte des fonctions respiratoires. Ces atteintes bronchiques et alvéolaires sont la conséquence de l’inflammation chronique liée au tabac ou autres particules.

Symptômes et diagnostic de la BPCO : reconnaître et identifier cette maladie chronique

La BPCO se manifeste par des signes cliniques comme une toux chronique, expectorations, essoufflement (dyspnée). Ces symptômes discrets au début de la maladie apparaissent progressivement et s’aggravent avec le temps. L’altération de la fonction respiratoire entraine une incapacité à entreprendre une activité physique. Cette dégradation progressive est ponctuée d’exacerbations, lors desquelles les symptômes et les atteintes pulmonaires s’aggravent. Les infections (bactériennes, virales, fongiques) en sont les causes majeures. Les formes les plus sévères peuvent se manifester par une pneumonie, pouvant entraîner une insuffisance respiratoire chronique et, dans les cas extrêmes, le décès du patient. Face à ces symptômes, en particulier chez un sujet fumeur ou exposé à un facteur favorisant, il est conseillé de consulter au plus vite un médecin. Une spirométrie permettra de diagnostiquer une obstruction bronchique. Celle-ci mesure les volumes pulmonaires et les débits bronchiques du patient. Plus les voies aériennes sont obstruées, plus le volume d’air expiré est faible. En fonction des résultats du test, le degré de sévérité de l’obstruction bronchique sera déterminé : stade I (léger) au stade IV (très sévère). D’autres critères peuvent être évalués comme la sévérité de la dyspnée d’effort (la gêne respiratoire à l’effort), l’altération de la qualité de vie et le nombre d’exacerbations dans l’année.

La BPCO est associée à de nombreux troubles. Ces comorbidités peuvent affecter différents organes entrainant une atrophie musculaire (notamment des membres inférieurs), des maladies cardiovasculaires (insuffisance cardiaque, maladie coronarienne), et digestives (maladie de Crohn). De profondes perturbations métaboliques (dyslipidémie) peuvent parfois accompagner la BPCO. La BPCO accroit le risque de décès liés au cancer (poumon, pancréas, œsophage, sein). La plupart des patients ne décèdent pas d’insuffisance respiratoire seule, mais plutôt de l’association avec des comorbidités telles que les atteintes cardiovasculaires, et musculo-squelettiques.

Illustration des symptômes et étapes de diagnostic de la BPCO, maladie chronique des voies respiratoires

BPCO : existe-t-il des traitements efficaces ?

A ce jour, la BPCO ne se guérit pas. Cependant, sa prise en charge précoce en ralentit l’évolution. Plusieurs solutions sont proposées :

 

  • La première mesure consiste à arrêter de fumer et/ou à interrompre l’exposition aux substances favorisant la maladie. La prise en charge médicamenteuse repose sur l’utilisation de bronchodilatateurs, permettant de dilater les voies respiratoires et d’améliorer le débit d’air. On associe parfois à ce traitement des corticoïdes afin de diminuer l’inflammation locale en cas d’exacerbations répétées. Dans les formes les plus sévères, une oxygénothérapie de longue durée est nécessaire. Elle a pour but d’améliorer la survie des patients. Elle peut être complétée par une ventilation, non invasive ou invasive.

 

  • La pratique d’une réhabilitation respiratoire associée à une activité physique régulière et adaptée a récemment démontré son efficacité surtout si elle est pratiquée précocement. Celle-ci freine l’évolution de la maladie. Les patients BPCO sont plus sensibles aux infections respiratoires qui représentent un facteur aggravant très important. De ce fait, il est essentiel de prévenir ces épisodes. Par conséquent, la vaccination (anti-grippale et Covid) est recommandée chaque année aux patients atteints de BPCO. Une vaccination anti-pneumococcique est également conseillée aux patients en insuffisance respiratoire chronique.

Pour en savoir plus : “Des chercheurs Lillois et Suisses ont développé un nouveau vaccin contre les pneumocoques”

Les travaux de recherche à l’Institut Pasteur de Lille

Au sein du Centre d’Infection et d’Immunité de Lille, l’équipe OpInFIELD (Opportunist Infection, Immunity, Environment & Lung Diseases) dirigée par Philippe Gosset et Muriel Pichavant cherche à comprendre les mécanismes conduisant à l’exacerbation de la BPCO. « Cette recherche vise à identifier de nouveaux marqueurs biologiques prédictifs de la maladie et de nouvelles cibles thérapeutiques » précise Philippe Gosset. L’équipe développe à la fois des études expérimentales (modèles précliniques, organoïdes) et des études cliniques (cohortes de patients), en lien étroit avec le Centre Hospitalier Universitaire de Lille (Pr O. Le Rouzic). « Combiner ces deux approches, à la fois expérimentale et clinique, nous permet de rester concret dans nos objectifs initiaux, à savoir traiter les patients » souligne Muriel Pichavant. De plus il nous est indispensable de valider les concepts développés dans nos modèles expérimentaux chez les patients BPCO avant d’envisager toute application en clinique. L’équipe de recherche a découvert que certaines molécules produites par le système immunitaire, appelées cytokines de la famille de l’interleukine-20, jouent un rôle clé dans l’aggravation de la BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive). Cette découverte a donné lieu à un brevet d’invention et à une collaboration avec un laboratoire privé. « Nous espérons pouvoir contrôler l’activité de ces cytokines afin de réduire l’incidence des infections, qui sont à l’origine des exacerbations » s’enthousiasme Philippe Gosset. L’équipe s’intéresse aussi au rôle de polymorphismes génétiques (variations dans l’ADN d’une personne) dans la BPCO et ses exacerbations. Certains polymorphismes des récepteurs de la nicotine (le composant essentiel de la dépendance au tabac) sont fréquemment associés au développement de BPCO ou de cancer chez les fumeurs. L’équipe a montré que l’interaction entre l’expression d’un polymorphisme très fréquent du récepteur de la nicotine et un stress environnemental accélérait le développement de la BPCO. « Ce travail pourrait conduire à des traitements personnalisés  ciblant spécifiquement ces récepteurs mutés chez les patients porteurs de ces polymorphismes». Ce travail pourrait aussi permettre de prévenir les effets à long terme des nouvelles formes de tabagisme ou de substituts (e-cigarette, tabac chauffé, « oral pouches » (pochettes)). Comme souligné plus haut, la BPCO est associée à d’autres pathologies. L’équipe OpInFIELD développe aussi des projets en lien avec les dysrégulations métaboliques dont l’obésité et la dyslipidémie.

Pour aller plus loin : “Podcast “La Vie” Episode #18 | A pleins poumons”

Contact chercheurs

muriel.pichavant@pasteur-lille.fr, philippe.gosset@pasteur-lille.fr

Equipe OpInFIELD (Opportunist Infection, Immunity, Environment & Lung Diseases)

Institut Pasteur de Lille

Center for Infection and Immunity of LilleINSERM U1019 – CNRS UMR9017Univ Lille Nord de France, CHU Lille

Financements relatifs aux projets de recherche de l’équipe OpInfIELD

Projet ExaCOPD2 (INSERM Transfert, Région Hauts de France): Développement d’anticorps humains ciblant les récepteurs IL-20 comme outil thérapeutiques dans la Bronchopneumopathie chronique obstructive.

Projet PINACHRAECOPD (IReSP) : Contribution physiopathologique d’un polymorphisme du récepteur nicotinique humain au cours de la bronchopneumopathie chronique obstructive et de ses exacerbations.

Pojet NicoRPEM (Pasteur Network): Caractérisation et modulation pharmacologique des récepteurs nicotiniques pulmonaires incluant l’α5SNP: une étape clé pour une médecine personnalisée chez les patients BPCO.

Thématique de recherche

maladies respiratoires thématique