Tuberculose

 

La tuberculose tue plus que toute autre maladie infectieuse. En 2016, 1,8 million de personnes en sont mortes. Cette maladie compliquée à prévenir est d’autant plus complexe à traiter puisqu’elle devient résistante aux traitements antibiotiques. Les chercheurs de l’Institut Pasteur de Lille, suivent les pas d’Albert Calmette et de Camille Guérin, co-découvreurs du premier vaccin efficace contre la tuberculose, et mettent tout en œuvre pour lutter contre ce fléau.

Tuberculose dossier

Un constat alarmant

La tuberculose tue plus que le sida ou la malaria. Avec environ 4 000 morts par jour dans le monde, le combat contre cette maladie est un enjeu crucial de santé publique.

En 2016, selon un rapport de l’Organisation mondiale de la Santé, plus de 10 millions de personnes dans le monde ont contracté cette maladie et 1,8 million en sont mortes, le plus souvent au sein de populations défavorisées. Mais comme un grand nombre d’autres atteintes bactériennes, la tuberculose se heurte à un défi mondial : enrayer l’expansion de la résistance aux traitements antibiotiques.

Selon les chiffres de l’OMS, 190 000 malades ont succombé en 2016 à une souche multirésistante de la tuberculose. Pour ces patients, l’isoniazide et la rifampicine, les deux antibiotiques les plus couramment utilisés dans le traitement de cette affection, se sont avérés inefficaces. En cause, l’usage inapproprié qui est fait des antituberculeux et qui a amené certaines bactéries à développer des résistances spécifiques.

Cette menace n’est pas à prendre à la légère. L’antibiorésistance tue à grande échelle, et pas seulement en matière de tuberculose. Selon un rapport de l’OMS de 2014 citant des chiffres du Centre Européen de Prévention et de Contrôle des Maladies, le phénomène de résistance aux antibiotiques a causé la mort de 50 000 personnes en Europe et aux États-Unis cette même année et les projections ne sont guère optimistes. Selon le LEEM (qui fédère les laboratoires pharmaceutiques présents sur le sol français), la résistance aux antibiotiques pourrait être la cause de 10 millions de décès chaque année dans le monde à l’horizon 2050.

Comprendre le bacille de Koch

En 2015, entre 1,5 et 1,8 million de personnes sont mortes des suites d’une infection au bacille de Koch, la bactérie responsable de la tuberculose. Environ 95 % des décès surviennent dans des pays à revenus faibles ou intermédiaires et 60 % des cas se concentrent dans six pays : l’Inde, l’Indonésie, la Chine, le Nigeria, le Pakistan et l’Afrique du Sud.

Les enfants ne sont pas épargnés. Un million d’entre eux ont contracté cette maladie et au moins 170 000 en sont morts en 2015. La résistance grandissante des bactéries aux traitements antibiotiques complexifie la tâche des autorités sanitaires : cette même année, 480 000 personnes ont développé une tuber­culose multirésistante, diminuant dramati­quement leurs chances de survie.

Pour autant, la lutte reste de mise et porte ses fruits. Selon les chiffres du LEEM, entre 2000 et 2015, 49 millions de personnes infectées par le bacille de Koch ont ainsi pu être sauvées grâce à un diagnostic rapide et à un traitement efficace. La recherche médicale, et les dons qui la rendent possible, sauvent tous les jours des vies.

Directeur de recherche à l’Institut Pasteur de Lille, le Dr Alain Baulard espère aboutir prochainement dans ses recherches sur le bacille de Koch. “Nous avons découvert une molécule équivalant à un “virus informatique” qui prend le contrôle de la bactérie pour la forcer à s’autosensibiliser à un antibiotique, même lorsqu’elle est devenue résistante.” Ce candidat-médicament poursuit la route de son développement préclinique. Si tout se passe bien, les premiers tests chez l’homme pourraient démarrer au cours de l’année 2019.

Manipulation labo recherche

L’Institut Pasteur de Lille, acteur dans la lutte contre la tuberculose

Historiquement, la lutte contre la tuberculose est très liée à l’Institut Pasteur de Lille. Fort de son expertise dans le domaine des maladies infectieuses et fidèle à son engagement en matière de longévité, les chercheurs restent jusqu’à aujourd’hui dévoués pour combattre cette maladie.

Un héritage de Calmette et Guérin

On se souvient que ce sont deux chercheurs de l’institut, Albert Calmette et Camille Guérin, qui, au début du XXe siècle, ont mis au point le premier vaccin efficace contre la tuberculose (BCG). Le Dr Alain Baulard, directeur de recherche Inserm à l’Institut Pasteur de Lille, est peut-être en passe de remporter une nouvelle victoire contre ce fléau, et plus généralement contre les maladies infectieuses.

Son équipe et celle du Pr Nicolas Willand développent actuellement une stratégie inédite permettant de rebooster l’efficacité des traitements antibiotiques disponibles. Le projet est actuellement en phase de développement préclinique avec l’Institut Pasteur de Lille et d’autres partenaires. Il est si prometteur que le Dr Baulard a déjà reçu le prix Pasteur-SINF (Société Industrielle du Nord de France) pour couronner les travaux déjà entrepris sur ce thème.

Berceau du vaccin contre la tuberculose

En 1895, Albert Calmette prend la responsabilité de l’Institut Pasteur de Lille. Il est rejoint par le vétérinaire Camille Guérin en 1897 et ensemble ils entament leurs recherches sur la tuberculose dès 1900. Ces recherches dureront une vingtaine d’années et aboutiront, à Lille, à la découverte d’un vaccin efficace qui porte leur nom : le BCG (Bacille de Calmette et Guérin).

Ce vaccin est testé sur les nouveau-nés pour la première fois en 1921, avec succès. En 1924 commencent les premières campagnes de vaccination, qui seront largement diffusées dans le monde dès 1928.

Aujourd’hui, les chercheurs de l’Institut Pasteur de Lille, tels que Camille Locht et son équipe, continuent de travailler sur cette maladie, notamment pour prolonger l’efficacité du BCG et rendre le bacille de Koch plus sensible aux antibiotiques.

Les souches ori­ginelles du BCG sont exposées au musée de l’Institut Pasteur de Lille, ouvert au public les vendredis et samedis. Plus d’informations sur le musée.

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La lutte contre la tuberculose au coeur des politiques publiques

Les 16 et 17 novembre 2018 s’est tenue à Moscou, la Première Conférence ministérielle mondiale de l’OMS sur la tuberculose. Cette conférence a réuni plus de 1000 participants, ministres et délégations des pays, représentants de la société civile et des organisations internationales, scientifiques et chercheurs.

Directeur général de l’OMS, le Dr Tedros a déclaré “Aujourd’hui, nous avons franchi une étape essentielle dans notre combat contre la tuberculose, en prenant l’engagement, attendu depuis longtemps, au niveau mondial, de mettre fin aux décès et aux souffrances causés par cette vieille maladie meurtrière“.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé, les efforts mondiaux pour lutter contre la tuberculose ont permis de sauver 53 millions de vie depuis 2000 et de réduire le taux de mortalité due à la maladie de 37%. Toutefois, dans de nombreux pays, les progrès ont stagné, et des lacunes persistent dans les soins et la prévention de la tuberculose. Les signataires de la Déclaration de Moscou pour mettre fin à la tuberculose font aujourd’hui, la promesse d’accroître l’action dans tous les secteurs, mais également de suivre les progrès accomplis et de renforcer l’obligation de rendre compte.

Un engagement est pris au niveau ministériel dans les 8 domaines suivants:

  • Couverture universelle des soins et de la prévention de la tuberculose
  • Financement durable de la couverture universelle et du développement (pour favoriser l’accès aux soins et à la prévention)
  • Respect de l’équité, de l’éthique et des droits humains
  • Recherche scientifique et innovation (Renforcer et cibler le financement, intensifier le renforcement des capacités pour obtenir des résultats rapides en matière de recherche scientifique et d’innovation)
  • Suivi et évaluation des progrès accomplis
  • Résistance aux antimicrobiens, sécurité sanitaire et tuberculose multirésistante (Combattre la tuberculose multirésistante en tant qu’urgence et menace pour la sécurité sanitaire)
  • Action renforcée en matière de co-infection tuberculose/VIH (la tuberculose est la maladie la plus meurtrière chez les personnes atteintes du VIH)
  • Synergies entre la lutte contre la tuberculose et la lutte contre les maladies non transmissibles

Thématique de recherche

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